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Nigeria: 8e jour de grève sur fond d'émeutes
LAGOS (AFP) - Des émeutes - qui auraient fait dix morts - ont éclaté lundi à Lagos, capitale économique du Nigeria, au huitième jour de grève générale contre la hausse du prix des carburants à la pompe, alors que le gouvernement a fait une nouvelle proposition aux syndicats pour tenter de mettre fin au mouvement.
Des émeutiers, mêlés aux grévistes, ont érigé des barricades, brûlé des véhicules et ont affronté des policiers lourdement armés déployés dans les rues de Lagos, également envahies par des bandes de voyous.
Adams Oshiomhole, président de la principale centrale syndicale, le Congrès nigérian du travail (NLC) a affirmé à Abuja que dix manifestants avaient été tués par la police à Lagos.
Une télévision privée a de son côté montré les images des cadavres de trois manifestants tués par la police lors de la dispersion d'un groupe de grévistes qui tentaient de barrer une rue dans le quartier d'Agege-Dopemu.
Aucun porte-parole de la police n'était immédiatement joignable pour commenter ces informations.
Un correspondant de l'AFP a vu des policiers particulièrement nerveux tirer des sommations à l'aide de fusils d'assaut, mais n'a pu confirmer les témoignages faisant état de cadavres.
La police tente de disperser les manifestants et de protéger les non-grévistes tentant de se rendre au travail, avait indiqué plus tôt à l'AFP un porte-parole de la police de Lagos, Emmanuel Ighodalo, qui a confirmé des troubles importants mais assuré que la police reprenait le contrôle de la situation.
Selon des témoins, la police a tiré des gaz lacrymogènes à Yaba, un faubourg densément peuplé de Lagos. La circulation était très faible dans la capitale économique et l'un des principaux axes routiers y menant, Ikorodu road, était totalement barrée.
Dans le quartier de Mile 2, où la situation est explosive, un employé de l'AFP a vu une vingtaine de membres d'un groupe d'autodéfense, tirant des coups de feu et brandissant des machettes, disperser des grévistes qui bloquaient la voie express d'Alaba, les poursuivant dans un lotissement proche, envahi précédemment par des bandes de jeunes voyous - connus à Lagos sous le nom d'"area boys" - qui ont pris le contrôle de certaines rues.
Selon des témoins, les violences de lundi ont notamment visé les chauffeurs d'"Okada" (motos-taxis), qui ont continué de travailler pendant la grève et profité de l'absence de bus pour augmenter leurs tarifs.
Pour tenter de mettre fin à cette grève, le gouvernement a fait une nouvelle proposition sur les prix des carburants qui sera discutée lundi par les syndicats, a annoncé M. Oshiomhole.
"J'ai appelé à une nouvelle réunion de la centrale pour discuter de la nouvelle proposition du gouvernement", a-t-il déclaré, au cours d'une interview télévisée dans la matinée.
Son adjoint, Joseph Akinjala, a confirmé à l'AFP que le président nigérian, Olusegun Obasanjo, avait proposé de ramener le prix du litre d'essence à 34 nairas, ajoutant que M. Oshiomhole n'avait pas mandat pour appeler à l'arrêt de la grève à ce tarif là.
Le NLC a déclenché la grève générale nationale le 30 juin contre la hausse de plus de 50%, dix jours auparavant, des prix des carburants à la pompe, qui a fait passer le litre d'essence de 26 à 40 nairas (27 centimes d'euros) et celui du litre de gasoil ou de pétrole lampant de 26 à 38 nairas.
Le président Obasanjo avait depuis offert de ramener le prix de l'essence à 35 nairas le litre, les syndicats exigeant jusqu'alors qu'il soit fixé à 32 nairas.
Les marchés pétroliers surveillent attentivement la situation, de crainte qu'elle ne perturbe les exportations pétrolières du Nigeria, premier exportateur de brut d'Afrique, avec un quota OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) de plus de deux millions de barils/jour.
Mais jusqu'à maintenant, si la grève a fortement perturbé ou contraint à la fermeture les banques, administrations, petits commerces et transports publics, le NLC n'a pas réussi à mettre à exécution ses menaces de faire cesser la production et l'exportation de pétrole, principale ressource économique du pays.
Samedi le Congrès des syndicats (TUC), concurrent du NLC et représentant principalement les employés administratifs et d'encadrement (notamment dans le secteur pétrolier), a décidé de suspendre son mouvement.
Pour le président Obasanjo, outre la grave montée de la tension, il est important de résoudre cette crise avant d'accueillir dans quelques jours son homologue américain, George W. Bush, pour sa première visite au Nigeria.
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