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Les Nigérians reprennent le travail après huit jours de grève
ABUJA (AFP) - Les Nigérians ont repris progressivement le travail, mardi, après la signature d'un accord entre syndicats et gouvernement mettant fin à une grève générale contre la hausse des prix des carburants, qui aura paralysé le Nigeria pendant huit jours.
Adams Oshiomhole, le président de la principale centrale syndicale, le Congrès nigérian du travail (NLC), à l'origine de la grève, a annoncé mardi la suspension de la grève, aux premières heures de la matinée à Abuja, au lendemain d'émeutes meurtrières à Lagos.
"Compte tenu des sacrifices et privations endurés par les Nigérians ces huit derniers jours, le NLC a le devoir d'accorder un répit à la population en suspendant son mouvement de grève" a déclaré le syndicaliste.
"Ayant contraint le gouvernement fédéral à reculer (...) le mouvement de grève générale et de protestation est arrêté pour les raisons indiquées", a-t-il poursuivi.
La nouvelle n'est pas parvenu immédiatement à la base, mais dès 09H00 (08H00 GMT), la circulation reprenait dans les rues de la capitale commerciale nigériane, l'activité revenant peu à peu à la normale.
Certains marchés, commerces et bureaux, fermés depuis le début de la grève le 30 juin, rouvraient graduellement leurs portes vers 10H00 à Lagos, Kano (principale ville du nord), et dans d'autres régions du pays.
Mais banques, stations-service et tribunaux étaient toujours fermés au public, selon des habitants.
M. Oshiomhole a réussi à persuader, au cours d'une houleuse réunion de six heures au cours de la nuit, les 29 syndicats affiliés au NLC d'accepter la dernière offre en date du gouvernement de ramener le prix du litre d'essence à 34 nairas (0,23 euros), alors que certains participants voulaient poursuivre le mouvement pour obtenir des concessions supplémentaires du président nigérian, Olusegun Obasanjo.
Le NLC avait déclenché la grève générale le 30 juin, après la suppression des subventions des prix des carburants, qui avaient fait grimper de plus de 50% les prix à la pompe à partir du 20 juin, le litre d'essence passant de 26 à 40 nairas (27 centimes d'euro) et celui du litre de gasoil ou de pétrole lampant de 26 à 38 nairas.
Cette décision va rassurer les marchés du pétrole, nerveux en raison de craintes que le mouvement perturbe les exportations du Nigeria, cinquième exportateur mondial de brut, avec un quota OPEP de plus de deux millions de barils par jour.
Elle profite au président Obasanjo pour qui il était crucial que le mouvement cesse avant l'arrivée vendredi à Abuja, la capitale fédérale, de son homologue américain, George W. Bush, pour sa première visite de ce dernier au Nigeria.
"C'est un soulagement d'avoir tous été capables d'aboutir à un accord", a souligné la porte-parole de M. Obasanjo, Remi Oyo, par téléphone à l'AFP, alors que la délégation présidentielle était en route vers l'aéroport d'Abuja d'où elle devait se rendre à Maputo (Mozambique), où se tiendra du 10 au 12 juillet un sommet de l'Union africaine (UA).
Lundi, des émeutiers, mêlés aux grévistes, avaient érigé des barricades, brûlé des véhicules et affronté des policiers armés déployés dans les rues de Lagos, également envahies par des bandes de voyous. Au moins quatre manifestants ont été tués par la police, suscitant la colère des syndicats qui avaient menacé de durcir le mouvement.
Le Nigeria, premier producteur de pétrole d'Afrique, est paradoxalement régulièrement paralysé par des pénuries de carburant, du fait notamment de ruptures d'approvisionnement depuis les raffineries locales, et est contraint d'importer massivement.
Le gouvernement nigérian tente depuis plusieurs années de mettre fin au principe des subventions des prix des produits pétroliers, qui lui coûteraient annuellement près de deux milliards de dollars, et d'ouvrir le marché de la distribution au privé.
Mais ces dernières années, les précédentes hausses des prix des carburants ont déclenché grèves, manifestations et émeutes, les Nigérians, dont la grande majorité vit dans la pauvreté, considérant comme inaliénable le droit à un carburant bon marché, seul bénéfice tangible tirés à leurs yeux des énormes réserves pétrolières de leur pays.
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