Journal l'Humanité

Rubrique International
Article paru dans l'édition du 14 mai 2004.

 

Zoom -
Nigeria D’un pogrom à l’autre

La machine infernale pogroms-contre pogroms semble relancée au Nigeria. Le 2 mai dernier, une milice chrétienne attaquait Yelwa (centre du pays), dont la population est à dominante musulmane, brûlant magasins et maisons et tirant aveuglément sur les familles y travaillant ou y résidant. Plus de 600 victimes et des milliers de sans-abri. Le président Olusegun Obasanjo tentait de faire contre-feu, affirmant mardi sa volonté de " punir ceux qui doivent être punis ", tout en appelant les musulmans à garder le calme et à s’abstenir de toute représaille. Président du Conseil des Oulémas et de la commission de l’État de Kano pour la charia, Umar Ibrahim Kabo répondait en lui lançant un " ultimatum de sept jours, pour prendre des mesures effectives et mettre fin à ces tueries, sinon il portera la responsabilité de tout ce qui pourrait arriver "... En fait, ce délai n’était pas encore expiré que des émeutes antichrétiennes se déclenchaient à Kano, la grande ville musulmane du nord, faisant des dizaines de morts (une source chrétienne parlait hier de 400 morts et 10 000 déplacés, chiffres qui n’ont été ni confirmés, ni infirmés par la Croix-Rouge nigériane). Le chef de la police de l’État de Kano, le commissaire Abdul Ganiyu Dawodu, faisait savoir qu’il avait donné aux forces anti-émeute l’ordre de tirer à vue. Et la crainte demeure que les violences ne se propagent dans d’autres États du nord, majoritairement musulmans. Selon un reporter de la radio à Bauchi, des tracts seraient en cours de distribution, appelant les musulmans de cet État à venger les morts de Yelwa et demandant aux chrétiens de partir... Depuis l’élection d’Olusegun Obasanjo en 1999, lui-même chrétien mais confronté depuis quelques années à l’adoption de la loi islamique par les États du nord, les violences " interethniques puis inter-religieuses ", recouvrant et redoublant souvent des antagonismes fonciers entre agriculteurs (généralement chrétiens) et éleveurs (musulmans), auraient fait 10 000 morts. Encore s’agit-il d’une estimation minimale, de tels affrontements étant cachés, chaque fois que faire se peut, par des autorités redoutant l’effet de contagion des révélations médiatiques.

Jean Chatain

Instantanés

Ben Ali contre les droits de l’homme

Dans un courrier adressé à Jacques Chirac, Robert Bret, sénateur communiste des Bouches-du-Rhône, appelle son attention " sur les difficultés financières que rencontre la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) en raison du gel par le gouvernement tunisien des fonds attribués par l’UE devant servir à financer la restructuration de la Ligue et la modernisation de ses moyens d’action ". Une décision " d’autant plus inacceptable qu’elle contrevient à l’accord d’association passé entre la Tunisie et l’UE et dont un article promeut les droits de l’homme et la démocratie ", souligne le parlementaire communiste, demandant au président français d’intervenir auprès de son homologue Ben Ali " afin qu’il permette à la LTDH de percevoir les fonds qui lui reviennent ".

Tortionnaires US en Afghanistan

Les mauvais traitements infligés aux prisonniers afghans sont " généralisés ", a dénoncé l’organisation Human Rights Watch (HRW), basée à Londres. " Cela fait plus d’un an que nous recueillons des témoignages d’Afghans disant avoir été maltraités dans des prisons sous contrôle américain ", a déclaré son représentant John Sifton. " Il est temps maintenant que les États-Unis publient les résultats de leurs enquêtes sur ces abus et garantissent l’accès d’observateurs indépendants " aux prisons.

Revue de presse

Fraternité matin (Côte d’Ivoire)

Retour de Libye, le président Laurent Gbagbo dénonce les " gens qui répandent partout que nous étions à la tête d’un régime antimusulman (...). J’ai donc exposé au président Kadhafi ce qu’est la réalité ivoirienne. Je lui ai dit que je n’avais pas souvenance qu’un gouvernement ivoirien ait fait autant pour la communauté musulmane que celui que je dirige (...). Nous avons aussi parlé de la sortie de la crise et le président Kadhafi s’est engagé à nous appuyer ".

 

 
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