Les émeutes anti-chrétiens se sont poursuivies à Kano, la grande ville musulmane du nord, faisant au moins trente morts selon un nouveau bilan de la police, et la sécurité a été renforcée à Lagos, capitale économique du Nigeria, pour éviter une propagation des violences.
L'émeute déclenchée mardi à Kano par de jeunes musulmans contre la minorité chrétienne a fait au moins 30 morts, selon le chef de la police de l'état de Kano, Abdul Ganiyu Dawodu.
Quarante personnes gr
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avement blessées ont été admises à l'hôpital et 45 ont été arrêtées, a précisé Abdul Ganiyu Dawodu, ajoutant qu'il avait donné l'ordre à la police anti-émeute de tirer à vue: "nous n'avions pas d'autre option".
Entre 5.000 et 10.000 personnes ont fui les violences et se sont réfugiées au quartier général de la police de Kano. Des camions et des bus en amènent de nouveaux à chaque minute.
Un grand nombre de policiers ont été déployés dans la ville depuis mardi après midi. Mercredi matin, ils contrôlaient le centre de Kano et sécurisaient les principaux quartiers où réside la minorité chrétienne.
Mais en dépit du couvre-feu imposé depuis mardi soir, l'émeute s'est étendue aux quartiers périphériques.
Dans le quartier chrétien de Sabon Gari, les commerçants se regroupaient nerveusement autour de leur magasin sans les ouvrir, attendant d'être rassurés sur les capacités de la police à les sécuriser, alors que mardi au moins cinq magasins avaient été incendiés au centre ville.
Cette émeute fait suite à une manifestation qui avait rassemblé mardi à Kano environ 10.000 personnes pour protester contre le massacre de plusieurs centaines de musulmans le 2 mai par des milices chrétiennes à Yelwa, dans l'état du Plateau, au centre du pays.
Des chefs musulmans de Kano avaient alors lancé un ultimatum de sept jours au président Olusegun Obasanjo, lui demandant de prendre des mesures contre les milices chrétiennes qui ont attaqué Yelwa.
"Tout ce qui doit être fait sera fait, ceux qui doivent être punis seront punis, parce que nous ne pouvons autoriser l'installation du chaos", a répondu M. Obasanjo à des dirigeants musulmans qu'il a reçu mardi à Abuja en présence de journalistes.
Interrogé sur la situation à Kano et à Yelwa, le porte-parole de l'armée nigériane, le Colonel Emeka Onwuamaegbu a répondu: "c'est notre responsabilité constitutionnelle d'assister la police pour maintenir la loi et l'ordre dans les situations de crise".
"Cela arrive si la police est dépassée par des troubles civils. Une demande doit être faite au président qui est le commandant en chef des forces armées et qui doit donner les ordres. Jusqu'à présent aucun ordre n'a été donné", a-t-il ajouté.
La crainte demeure que les violences ne se propagent dans d'autres régions du Nigeria, notamment dans d'autres états du nord où vivent environ 40 millions de personnes.
Mu'azu Ahardawu, un reporter de la radio à Bauchi (nord) a affirmé à l'AFP qu'une opération de sécurité avait été lancée après la découverte de tracts appelant les musulmans de l'Etat de Bauchi à venger les morts de Yelwa et demandant aux chrétiens de partir.
A Lagos, la capitale économique, la sécurité a été considérablement renforcée pour éviter une propagation des troubles et en raison de la présence du président Obasanjo dans la ville.
"Nous sommes très sérieux sur la sécurité. Nous savons que nous avons une large population Haoussa (ethnie du nord majoritairement musulman) donc nous devons être vigilants", a déclaré le porte-parole de la police de Lagos, Emmanuel Ighodalo, ajoutant que "les évènements de Kano et de Yelwa ne devraient pas se propager à Lagos".
Des dizaines d'éléments de la police anti-émeute et de soldats en armes ont été déployés en divers points stratégiques de Lagos, plus grande métropole d'Afrique (environ 16 millions d'habitants).
Au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec 130 millions d'habitants, on estime à 10.000 le nombre total de victimes de violences interethniques depuis l'élection à la présidence de M. Obasanjo en 1999.