|
|
mardi 1 juin 2004, 13h46
Pakistan: violences lors des obsèques des 19 morts de Karachi
KARACHI (AFP) - Des affrontements ont opposé émeutiers à la police mardi à Karachi (sud du Pakistan) lors des obsèques des 19 victimes d'un attentat suicide contre une mosquée chiite de la ville à l'heure de la prière, ont rapporté des témoins.
Le président pakistanais Pervez Musharraf "gravement préoccupé" s'apprêtait de son côté à prendre d'importantes mesures contre les violences qui secouent depuis plusieurs semaines la principale ville du pays, a déclaré le ministre de l'Information Sheikh Rashid.
"Il va prendre une décision importante pour protéger et épargner des vies et rétablir l'ordre", a-t-il dit. Il n'a pas indiqué quelles étaient les mesures envisagées mais a précisé qu'elles pourraient intervenir dans les prochains jours. Des milliers de personnes s'étaient rassemblées mardi pour les obsèques des victimes de l'attentat de la veille. Après l'échec de négociations avec la police sur le défilé, des manifestants ont mis le feu à un car de police, à un mini-bus, à six motos et à une banque. Un peu plus loin, plusieurs boutiques ont également été pillées et certaines incendiées, selon des témoins.
La police a répliqué par des tirs de grenades lacrymogènes. Aucune victime n'a été signalée dans l'immédiat. Dans les heures qui ont suivi l'attentat, des violences avaient déjà éclaté faisant trois morts, victimes d'échanges de coups de feu entre la police et des manifestants. Une vingtaine de voitures ont également été incendiées. L'attentat de lundi s'est produit alors que des dizaines de fidèles assistaient à la prière du soir dans une mosquée située non loin du quartier où le mufti sunnite Nizamuddin Shamzai, 70 ans, avait été tué dimanche.
Le premier bilan de 15 morts et 35 blessés s'est alourdi avec le décès de quatre des blessés, a annoncé mardi la police. Pour éviter un engrenage de représailles après l'assassinat du dignitaire sunnite, 15.000 policiers et miliciens avaient pourtant été déployés dans la ville, port de 14 millions d'habitants, où les violences inter-confessionnelles entre sunnites majoritaires et chiites ont fait plus de 4.000 morts depuis les années 1980.
Mardi, la police privilégiait la piste d'un attentat suicide. "Nous avons ramassé des morceaux de corps indiquant qu'il s'agissait d'une explosion suicide. Et il n'y a pas non plus de cratère sur le site", a expliqué un enquêteur, Manzoor Mughal. L'attentat n'a pas été revendiqué mais la police l'a qualifié d'acte de terrorisme. Depuis le 7 mai, date d'un attentat suicide à la voiture piégée dans une mosquée chiite, qui avait fait 23 morts et une centaine de blessés, Karachi a connu un regain de violence. Le 25 mai, des bombes ont tué deux personnes et, le lendemain, l'explosion de deux voitures piégées près de la résidence du consul général des Etats-Unis a fait un mort et 32 blessés.
Le ministre Cheikh Rashid a démenti mardi que les autorités pakistanaises aient perdu le contrôle de Karachi, creuset de rivalités ethniques, religieuses et politiques, longtemps considéré comme un repère de trafiquants d'armes et de drogue et aujourd'hui comme un havre pour des militants islamistes chassés d'Afghanistan. Pour le leader chiite Hasan Turabi, l'assassinat de Shamzai et l'attentat qui s'en est suivi représentent "une tentative de diviser les deux communautés musulmanes".
|
|
(publicité)
 |
|