KARACHI (Reuters) - La police pakistanaise privilégiait mardi la thèse de l'attentat suicide au lendemain de l'explosion dans
une mosquée chiite de la ville de Karachi, dont le bilan s'est élevé dans la nuit à 19 morts.
Trois autres personnes ont été tuées et une cinquante blessées dans les émeutes qui ont éclaté après l'attentat contre la
mosquée Ali Raza Imam Bargah et la tension restait très forte mardi matin.
"C'était apparemment un attentat suicide, parce que nous n'avons pas retrouvé de cratère qu'aurait creusé une bombe", a
déclaré un haut responsable de la police de Karachi.
"Nous n'avons pas pu réunir beaucoup d'indices parce qu'une foule en colère nous a interdit d'entrer dans la mosquée. La
situation est tendue", a-t-il ajouté, précisant que les forces de l'ordre avaient été déployées en nombre dans les quartiers chiites
de cette ville du sud du Pakistan.
Ce déploiement n'a pas empêché de violents affrontements dans la nuit entre chiites et forces de l'ordre. Une vingtaine de
voitures ainsi que deux stations-service ont été incendiées ainsi qu'une agence bancaire.
Trois émeutiers qui s'étaient emparés d'une ambulance ont été abattus par les forces de l'ordre.
La police s'attend à de nouvelles émeutes lors des funérailles des victimes de l'attentat, programmées dans la journée de mardi.
La population redoutait de nouvelles violences entre sunnites et chiites à Karachi après l'assassinat, dimanche, du mufti
Nizamuddin Shamzai. Ce haut dignitaire sunnite, favorable aux taliban afghans, avait appelé à la guerre sainte contre les
Etats-Unis lorsqu'ils avaient envahi l'Afghanistan et l'Irak.
Sa mort a provoqué dimanche des émeutes qui ont fait une vingtaine de blessés.
La mosquée chiite Ali Raza Imam Bargah est située à un kilomètre seulement de l'endroit où Shamzai a été tué.
Une précédente attaque contre une mosquée chiite de Karachi a fait 24 morts et 125 blessés le 7 mai dernier lors de la grande
prière hebdomadaire du vendredi.
Les violences confessionnelles entre sunnites (qui représentent environ 70% de la population pakistanaise) et chiites (20%) ont
fait 150 morts au cours de la seule année écoulée.
Selon la télévision d'Etat, le président pakistanais, Pervez Musharraf, a exigé que le gouvernement provincial de Karachi
rétablisse l'ordre et réprime les responsables de ces attentats.
Quelque 15.000 policiers et paramilitaires ont été déployés dans les rues de Karachi.