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jeudi 7 octobre 2004, 15h49
Nouvel attentat sectaire au Pakistan: 40 sunnites tués
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MULTAN (AFP) - Quarante musulmans sunnites ont été tués et 100 blessés jeudi par l'explosion de deux bombes contre un rassemblement public à Multan (centre du Pakistan), moins d'une semaine après un attentat suicide contre une mosquée chiite qui avait fait plus de trente morts à Sialkot (est).
Les explosions ont visé à l'aube un rassemblement d'un millier de militants sunnites qui avaient passé la nuit à commémorer le premier anniversaire de l'assassinat d'un leader extrémiste, Azam Tariq, tué par balles près d'Islamabad le 6 octobre 2003.
"Le bilan atteint au moins 40 morts", a dit le docteur Imran Rafiq, médecin en chef de l'hôpital Nishtar, le principal établissement hospitalier de Multan, la grande ville du sud de la province du Pendjab, à 400 km au sud d'Islamabad.
Au moins dix personnes sont mortes sur le coup et trente, selon lui, sont décédées à l'hôpital ou durant leur transfert. De nombreux blessés se trouvaient dans un état très critique, a précisé le médecin.
Selon les autorités, au moins une centaine de personnes ont également été blessées par cet attentat que des témoins ont aussitôt attribué à des extrémistes chiites, dans le cadre des violences qui opposent les deux communautés musulmanes depuis plus de 20 ans.
Alors que les militants commençaient à se disperser après une nuit de recueillement, les explosions -- dont celle d'au moins une voiture piégée, selon la police --, ont provoqué le chaos et la colère dans le centre de Multan.
"La bombe avait sans doute été placée dans une voiture et dès la fin du rassemblement, la mise à feu a été déclenchée à distance ou par une minuterie", a indiqué le chef de district de la police, Sikandar Hayat.
Les forces de sécurité s'efforçaient de rétablir l'ordre, mais craignaient des débordements et des vengeances de la part des sunnites, notamment vendredi, jour de la grande prière hebdomadaire musulmane.
"C'est un acte de terrorisme brutal visant à déstabiliser le Pakistan", a affirmé le ministre de l'Information Sheikh Rashid.
"Cet attentat a été commis par des chiites", a dit de son côté le leader sunnite extrémiste Ahmed Ludhiandvi.
"Ils sont financés et soutenus par le gouvernement d'Iran pour tuer des sunnites au Pakistan", a-t-il assuré.
Plus d'un millier de militants sunnites étaient réunis depuis mercredi soir sur la place Rasheedabad, dans le centre de Multan, pour commémorer la mémoire d'Azam Tariq, fondateur du groupe extrémiste sunnite interdit Sipah-e-Sahaba Pakistan, tenu pour responsable des meurtres de plusieurs dizaines de chiites.
Son exécution, à un péage d'autoroute par un groupe de plusieurs hommes armés qui avaient tiré une quarantaine de projectiles et tué également les quatre gardes du corps et le chauffeur du leader sunnite, avait été attribuée par les autorités à des extrémistes chiites.
Ce nouvel acte de violence interconfessionnelle intervient seulement six jours après un attentat suicide contre une mosquée chiite de Sialkot (est du Pakistan) qui avait fait plus de trente morts et déclenché des émeutes populaires.
La police pakistanaise avait désigné deux groupes sunnites -- le Sipah-e-Sahaba Pakistan (SSP) et le Lashkar-e-Jahngvi -- comme responsables de l'attentat de Sialkot.
Les violences interconfessionnelles entre extrémistes sunnites et chiites ont fait plus de 4.000 morts depuis le début des années 80.
Les autorités pakistanaises avaient estimé récemment que l'organisation extrémiste sunnite Al-Qaïda d'Oussama ben Laden avait attisé les tensions entre chiites (15% de la population) et sunnites (80%) au Pakistan afin de déstabiliser le pays.
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