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vendredi 17 février 2006, 18h10
Caricatures: la crise prend une dimension diplomatique au Pakistan
ISLAMABAD (AFP) - Les manifestations contre la publication des caricatures de Mahomet se sont poursuivies vendredi au Pakistan où la crise a pris une dimension diplomatique avec la fermeture temporaire de l'ambassade du Danemark à Islamabad et le rappel pour consultations de l'ambassadeur pakistanais à Copenhague.
Malgré la mise en alerte des forces de l'ordre dans tout le pays pour prévenir les violences qui ont fait cinq morts en début de semaine, des dizaines de manifestations ont été organisées, notamment à Karachi (sud) et Multan (centre) où la police est intervenue pour disperser les protestataires.
Aucune victime n'a été rapportée au cours de ces manifestations devenues quotidiennes au Pakistan depuis deux semaines.
A Islamabad, le Danemark - où les dessins jugés insultants pour les musulmans ont été publiés pour la première fois en septembre - a décidé la fermeture "temporaire" de son ambassade, dont les affaires consulaires ont été transférées à l'ambassade d'Allemagne.
"Je suis toujours au Pakistan, il n'est donc pas question de parler de rupture des relations", a affirmé à l'AFP l'ambassadeur du Danemark Bent Wigotski.
Il avait été appelé dans l'après-midi au ministère pakistanais des Affaires étrangères, avec quelques autres ambassadeurs européens, pour "être informés de la situation", a indiqué à l'AFP sous couvert d'anonymat un diplomate européen.
A Copenhague, Lars Thuesen, chef d'une cellule de crise au ministère danois des Affaires étrangères, a indiqué que l'ambassade avait été fermée pour des "raisons de sécurité".
"Les relations diplomatiques ne sont pas rompues. Nous surveillons la situation au jour le jour et nous prendrons position lundi sur une éventuelle réouverture de l'ambassade", a-t-il ajouté.
Copenhague a déjà fermé provisoirement ses ambassades à Téhéran, Damas et Jakarta et ses consulats à Beyrouth et Tunis après des violences anti-danoises.
De son côté, le Pakistan a rappelé son ambassadeur à Copenhague "pour consultations sur la controverse des caricatures", a affirmé à l'AFP la porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères Tasnim Aslam.
Le ministre danois des Affaires étrangères, Per Stig Moeller, a déclaré qu'il "prenait acte" de cette décision, assurant qu'un "dialogue constructif" se poursuivait avec le Pakistan. "Nous devons constater qu'il y a une grande colère au Pakistan", a-t-il dit.
Pour prévenir des incidents le jour de la grande prière hebdomadaire musulmane, habituellement propice aux manifestations, la police avait arrêté quelque 150 militants islamistes et placé en résidence surveillée Hafiz Saeed, fondateur du Lashkar-e-Taiba, un groupe spécialisé dans le "jihad" (guerre sainte) contre la présence indienne au Cachemire et interdit en 2001.
La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser une foule de 2.000 protestataires qui avaient bloqué une autoroute en périphérie de Karachi, où 35.000 personnes avaient manifesté jeudi sans incident majeur.
Une centaine de manifestants ont été arrêtés après qu'ils eurent incendié quelques véhicules et jeté des pierres contre des véhicules, a indiqué la police locale.
A Multan, la police est également intervenue pour disperser plusieurs centaines de manifestants qui avaient brûlé des effigies du président américaine George W. Bush - qui a prévu une visite au Pakistan début mars - et du Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen.
Un millier de protestataires se sont réunis à Peshawar (nord-ouest), où, aux cris de "mort au Danemark" de la foule, un leader islamiste local a offert une "prime" d'un million de roupies (14.000 euros) et une voiture neuve pour la mort des dessinateurs de ces caricatures jugées insultantes pour les musulmans.
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