KINSHASA (AFP) - Des violences, qui ont fait un mort et plusieurs blessés, ont émaillé jeudi la campagne électorale à Kinshasa à trois jours d'élections cruciales en République démocratique du Congo (RDC), auxquelles l'église catholique du pays a finalement apporté son soutien.
Un policier a été tué lors de violences qui ont éclaté devant le stade Tata Raphaël de Kinshasa où le vice-président congolais Jean-Pierre Bemba a tenu son dernier meeting avant la présidentielle de dimanche. Un journaliste de l'AFP a vu le corps de la victime étendue sur le sol.
Son corps a été ensuite brûlé et traîné dans les rues adjacentes par des jeunes gens dont certains portaient des tee-shirts à l'effigie de M. Bemba. En début de soirée, la police a pu "récupérer" le corps de la victime, un agent de la Police d'intervention rapide (PIR).
Selon plusieurs témoins, cet homme aurait été tué par balle par le service d'ordre du vice-président lors de heurts entre policiers et militants du Mouvement de libération du Congo (MLC, ex-rébellion que préside M. Bemba).
Selon un policier, des heurts ont éclaté quand des partisans de Bemba ont jeté des pierres en direction de policiers commis à la garde d'un lieu de culte - qui a été plus tard saccagé - près du stade.
Les jeunes gens ont été dispersés à coups de grenades lacrymogènes et ont reflué vers le stade où ils se sont à nouveau heurtés à la police.
Au moins trois personnes ont été blessées, visiblement victimes de chutes ou de coups dans la confusion générale, a constaté un journaliste de l'AFP.
C'est alors que des militaires affectés à la sécurité de M. Bemba auraient ouvert le feu à plusieurs reprises, tuant le policier de la PIR.
Au même moment, une centaine de jeunes partisans de Bemba ont vandalisé et pillé le siège voisin de la Haute autorité des médias (Ham, organe de régulation de la presse).
Plusieurs autres bâtiments ont été dégradés ou partiellement incendiés aux abords du stade, notamment le studio du musicien Werra Son, accusé d'être à la solde du président Joseph Kabila, a constaté l'AFP.
Un poste de police a été pris pour cible et plusieurs policiers blessés par des jets de pierres, a-t-on indiqué de source policière.
Le calme est revenu dans la soirée, alors que les partisans de Bemba quittaient le stade.
Dans la ville de Mbuji-Mayi (centre), trois hommes armés ont abattu mercredi soir la mère d'un candidat aux législatives, en sa présence, et grièvement blessé sa soeur. David Mukeba Mfuta a dénoncé "un crime politique", affirmant à l'AFP que les assaillants le visaient "personnellement".
Cette ville est le fief de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) de l'opposant Etienne Tshisekedi, qui boycotte les élections, et où ses militants empêchent les candidats de faire campagne.
Jeudi, une candidate à la présidence, Catherine Nzuzi Wa Mbombo, a été contrainte d'y annuler son meeting, après que son cortège eut essuyé des jets de pierre, selon une source policière.
Les autorités policières de la province avaient lancé dans la matinée une sévère mise en garde à tous ceux qui chercheraient à perturber les scrutins.
Par ailleurs, l'église catholique a appelé à un vote "massif" dimanche, levant ainsi l'hypothèque qu'elle faisait peser sur un processus électoral qu'elle menaçait jusqu'alors de ne pas reconnaître si des "irrégularités n'étaient pas corrigées".
La conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a demandé aux électeurs "de manifester clairement leur volonté dans le choix des dirigeants pour un Congo nouveau".
Selon Mgr Laurent Monsengwo, qui préside la Cenco, ce revirement de l'Eglise survient "après une vérification minutieuse des faits et une large enquête", menée notamment auprès de la Commission électorale indépendante (CEI).
Mercredi, les chefs des autres principales confessions religieuses avaient déjà lancé un appel au vote.