KINSHASA (AFP) - Quatre personnes dont trois policiers ont été tuées jeudi et une vingtaine blessées en marge d'un meeting électoral à Kinshasa, a-t-on appris vendredi auprès du porte-parole de la police congolaise, le colonel Dominique Manganja.
"Il y a eu quatre morts, trois policiers et un civil, et un vingtaine de blessés, majoritairement des policiers", a déclaré le colonel Manganja.
Un précédent bilan faisait état jeudi soir d'un policier tué lors de violences qui ont éclaté devant le stade Tata Raphaël de Kinshasa où le vice-président congolais Jean-Pierre Bemba a tenu son dernier meeting avant la présidentielle de dimanche.
"Il y a eu un policier tué par balles, un autre lapidé et un troisième dont le corps a été brûlé. On ne sait pas encore comment il est mort", a indiqué le colonel, ajoutant qu'il ne connaissait pas les circonstances de la mort de la victime civile.
"Le bilan matériel est aussi très lourd: cinq postes de police ont été caillassés ou saccagés, une station à essence a été en partie détruite. Plusieurs bâtiments ont été vandalisés ou incendiés: le siège de la Haute autorité des médias (Ham), une église, un studio, et plusieurs maisons ont été pillées", a-t-il poursuivi.
Jeudi soir, à l'issue d'un meeting à Lubumbashi (sud-est), le vice-président Azarias Ruberwa, en charge de la Commission Défense et sécurité au gouvernement, a "condamné ces incidents".
"Il n'est pas admissible qu'à la veille des élections, les gens cessent de vivre à cause des idées ou des comportements des autres. (...) Je plaiderai pour que les auteurs soient punis", a-t-il déclaré.
"Maintenant, a-t-il ajouté, c'est quand même l'un des rares incidents majeurs que nous ayons eu. Les incidents de parcours, cela fait partie de la campagne, même si ici, c'est quand même excessif".
Le colonel Manganja a souligné que "des instructions avaient été données à la police pour qu'elle fasse preuve de retenue, pour éviter un embrasement".
Il a rappelé que les éléments de la Police d'intervention rapide déployés autour du stade étaient équipés d'un armement non létal (grenades lacrymogènes, matraques).
Un autre officier de police a déclaré, sous couvert de l'anonymat, que la retenue des forces de l'ordre avait permis "d'éviter un bain de sang".
"Si les renforts armés ou les militaires étaient intervenus, on risquait un affrontement majeur avec la garde militaire de Bemba, qui eux, n'ont pas hésité à tirer vers les policiers", a-t-il affirmé.
Le calme est revenu dans la soirée, alors que les partisans de Bemba quittaient le stade.
Dans la ville de Mbuji-Mayi (centre), trois hommes armés ont abattu mercredi soir la mère d'un candidat aux législatives, en sa présence, et grièvement blessé sa soeur. David Mukeba Mfuta a dénoncé "un crime politique", affirmant que les assaillants le visaient "personnellement".
Cette ville est le fief de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) de l'opposant Etienne Tshisekedi, qui boycotte les élections, et où ses militants empêchent les candidats de faire campagne.
Jeudi, une candidate à la présidence, Catherine Nzuzi Wa Mbombo, a été contrainte d'y annuler son meeting, après que son cortège eut essuyé des jets de pierre, selon une source policière.
Les autorités policières de la province avaient lancé dans la matinée une sévère mise en garde à tous ceux qui chercheraient à perturber les scrutins.
Par ailleurs, l'église catholique a appelé à un vote "massif" dimanche, levant ainsi l'hypothèque qu'elle faisait peser sur un processus électoral qu'elle menaçait jusqu'alors de ne pas reconnaître si des "irrégularités n'étaient pas corrigées".
La conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a demandé aux électeurs "de manifester clairement leur volonté dans le choix des dirigeants pour un Congo nouveau".
Selon Mgr Laurent Monsengwo, qui préside la Cenco, ce revirement de l'Eglise survient "après une vérification minutieuse des faits et une large enquête", menée notamment auprès de la Commission électorale indépendante (CEI).
Mercredi, les chefs des autres principales confessions religieuses avaient déjà lancé un appel au vote.