Centrafrique: retour au calme à Bangui sous couvre-feu
BANGUI (AFP) - La capitale centrafricaine Bangui a retrouvé le calme dans la nuit de dimanche à lundi et ses habitants ont respecté le couvre-feu imposé dimanche par le nouveau pouvoir militaire du général François Bozizé.
A peine quelques détonations isolées ont été entendues dans le courant de la nuit, tandis que les Banguissois, qui s'étaient livré à d'incessants pillages depuis l'intrusion des rebelles centrafricains dans la capitale, samedi après-midi, sont restés chez eux.
Le général Bozizé, chef de la rébellion centrafricaine, qui s'est autoproclamé dimanche président de la République, avait décrété en début de soirée un couvre-feu à effet immédiat sur toute l'étendue du territoire, de 19H00 à 06H00 du matin, pour une période de 10 jours. Cette mesure était notamment destinée à mettre fin aux pillages qui se sont produits toute la journée de samedi et la nuit de dimanche à lundi dans les villas des dignitaires du régime du président élu, Ange-Félix Patassé, celles de ressortissants étrangers, les commerces, entreprises et certains ministères.
Le général Bozizé, qui s'est emparé du pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat éclair, en l'absence du président Patassé, parti à l'étranger, avait annoncé dimanche soir, dans une déclaration à la nation à la radio d'Etat, la suspension de la constitution, la dissolution de l'Aassemblée nationale et le limogeage du gouvernement. Il avait également annoncé une période de transition à laquelle il a indiqué souhaiter associer les partis politiques du pays, les forces vives de la nation et les anciens chefs d'Etat.
Son coup de force a été condamné par la France, l'Union Africaine (UA), la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac), la Communauté économique des Etats sahélo-shariens (Censad) et le Gabon.
Le bilan du coup d'Etat était encore inconnu dimanche. Mais au moins cinq morts et des dizaines de blessés étaient à l'hôpital, selon une source hospitalière. Trois soldats congolais de la force africaine déployée à Bangui ont également été tués samedi.
M. Patassé, actuellement à Yaoundé, n'avait fait dimanche aucune déclaration sur la situation dans son pays.
Les hommes de Bozizé ont profité samedi de l'absence du président Patassé, qui se trouvait à Niamey où il avait participé à un sommet de chefs d'Etat, pour attaquer Bangui, sans rencontrer de réelle résistance. L'avion du président Patassé, qui devait regagner Bangui samedi après-midi a été dérouté vers la capitale camerounaise, Yaoundé où il a passé la nuit à l'hôtel Hilton en compagnie de son épouse et d'une délégation centrafricaine, après avoir été accueilli par les autorités camerounaises.
M. Patassé ne devrait pas rester à Yaoundé et des discussions étaient en cours dimanche pour lui trouver un pays d'accueil provisoire, ont indiqué à l'AFP deux sources diplomatiques africaines jointes dans la région depuis Libreville. L'une a évoqué la capitale gabonaise, Libreville, l'autre, la capitale libyenne, Tripoli.
Deux Transall de l'armée française ont évacué dimanche soir une quarantaine de Français de Bangui qui souhaitaient quitter la ville, a annoncé par ailleurs à Paris le ministère français de la Défense.