BANGUI (Reuters) - Des rebelles ralliés à l'ancien chef d'état-major, le général François Bozizé, ont tiré dimanche des
coups de feu en l'air pour faire cesser les pillages et rétablir l'ordre à Bangui, capitale de la République centrafricaine passée
sous leur contrôle et dont le président a trouvé refuge au Cameroun.
Parfait Mbaye, porte-parole des rebelles, a lu dimanche matin sur les ondes de la radio nationale un communiqué signé, selon
lui, par le général Bozizé, auteur de plusieurs tentatives de coup d'Etat ces deux dernières années.
"Nous contrôlons la ville", a déclaré Mbaye en parlant de la capitale. Il a précisé que le général Bozizé se trouvait à Bangui
et devrait faire ultérieurement une déclaration à la radio.
L'Union africaine (UA, ex-OUA) a condamné le coup d'Etat.
"(Le président par intérim de la commission de l'UA) Amara Essy condamne fermement le coup d'Etat survenu le soir du 15
mars 2003 en République de Centrafrique", a déclaré l'organisation dans un communiqué.
"Il rappelle le rejet et la condamnation sans équivoque par l'UA des changements de gouvernement inconstitutionnels."
Alors que retentissaient dimanche des coups de feu occasionnels dans la capitale centrafricaine, des pillards ont pris d'assaut
des maisons appartenant aux collaborateurs et proches de Patassé, emportant des ustensiles ménagers, des postes de télévision
et des meubles.
Mbaye a appelé à la fin des pillages et exhorté tous les personnels de l'armée - soldats, gendarmes et officiers des douanes -
à regagner leurs casernes du centre-ville.
Le chef de l'Etat centrafricain s'apprêtait à regagner son pays à l'issue d'un sommet régional au Niger quand des tirs ont
éclaté samedi après-midi.
Des combattants juchés sur des "bâchées" ont attaqué l'aéroport et la résidence du président, prenant rapidement le contrôle
des points stratégiques et faisant battre en retraite sans coup férir la force d'interposition de la Cemac (Communauté
économique et monétaire d'Afrique centrale).
Des Banguissois ont déclaré que les soldats des forces régulières ne s'étaient pas, eux non plus, opposés aux rebelles, qui
étaient en treillis et dont certains arboraient également des "bandanas".
Plusieurs tentatives de coup d'Etat ont été entreprises ces deux dernières années par des rebelles affiliés au général Bozizé.
Des témoins ayant vu les assaillants ont affirmé qu'il s'agissait de combattants de Bozizé.
TENSIONS AVEC LE TCHAD
L'avion du président Ange-Félix Patassé, qui regagnait son pays à l'issue du sommet de la SEN-SAD au Niger, a dû se poser
au Cameroun voisin en raison des affrontements en cours à Bangui. Le chef de l'Etat est arrivé samedi soir, en compagnie de sa
femme et de son entourage, dans un hôtel de Yaoundé, la capitale camerounaise.
Patassé a su déjouer plusieurs tentatives de coups d'Etat ou de mutineries grâce à l'aide de troupes libyennes et de rebelles
congolais (ex-zaïroise). Les Libyens ont été officiellement remplacés par un embryon de force de paix de la Cemac forte
d'environ 350 hommes, et les rebelles, fidèles à Jean-Pierre Bemba, se sont retirés du pays.
Thomas Luhaka, chef adjoint des affaires militaires au sein du Mouvement de libération du Congo de Bemba, a déclaré à
Reuters que les troupes de ce dernier n'avaient pas l'intention de franchir l'Oubangui depuis la République démocratique du
Congo (ex-Zaïre), pays voisin, pour venir en aide à Patassé.
"Ce n'est pas à l'ordre du jour", a déclaré Luhaka à Reuters en Afrique du Sud, où il participe à des pourparlers pour la paix
en RDC. Il a ajouté que le coup d'Etat de samedi relevait des affaires intérieures de la Centrafrique.
Le contingent de la Cemac n'a pas quant à lui pas pris part aux combats de samedi. "Cela ne nous concerne pas", a déclaré à
Bangui l'un de ses chefs.
Aucun responsable du gouvernement n'a pu être contacté dans l'immédiat et Patassé s'est refusé à tout commentaire en
arrivant samedi dans son hôtel de Yaoundé.
Le président centrafricain a assisté au Niger au sommet des 18 pays de la Communauté des Etats sahélo-sahariens
(CEN-SAD), où il a rencontré son homologue tchadien, le président Idriss Déby.
Le Centrafrique a souvent accusé le Tchad de soutenir les rebelles fidèles au général Bozizé.