SAINT DOMINGUE (AFP) - Au moins sept civils et un policier ont été tués mardi en République dominicaine lors d'affrontements avec les forces de sécurité pendant une grève générale de 24 heures contre la politique économique du gouvernement, selon les organisateurs et des sources médicales.
Des dizaines de personnes ont été blessées et un nombre indéterminé arrêtées, ont indiqué les mouvements à l'origine de la grève et les chaînes de télévision, alors qu'il n'existait aucun bilan officiel des morts, des blessés ou des arrestations. Dans les dernières heures de la nuit, des affrontements continuaient à opposer les militaires aux manifestants dans les quartiers de Saint Domingue et dans les villages de l'intérieur.
Un dirigeant de la Coordination d'unité et de lutte, qui a lancé le mot d'ordre de grève, Ramon Perez Figuereo, a exhorté dans la nuit la population à rester chez elle pour éviter de nouvelles violences et à reprendre le travail à l'expiration du mouvement, mercredi à 06H00 locales (10H00 GMT). Les personnes tuées ont été atteintes par balles en différents endroits du pays, ont précisé la Coordination et les services médicaux.
Cinq hommes, dont au moins trois jeunes de 18 et 19 ans, ont été tués, ainsi que deux personnes non identifiées, a indiqué un dirigeant de la Coordination, Fidel Santana, lors d'une conférence de presse commune avec M. Perez et un autre dirigeant du mouvement, Victor Jeronimo. Dans le même temps, un policier est décédé de blessures par balle à l'hôpital Francisco Moscoso Puello de Saint Domingue, selon des sources de l'établissement.
Les rues de la capitale et des villes voisines ont été patrouillées mardi par des véhicules militaires alors que les transports en commun étaient pratiquement paralysés et les commerces pour la plupart fermés. Dans différentes régions, des inconnus ont incendié les locaux du Parti révolutionnaire dominicain (PRD) au pouvoir et de l'Office des eaux, selon la télévision locale. Les manifestants ont défilé, tapant sur des casseroles, incendiant des pneus tandis que certains lançaient des pierres sur les militaires.
Le chef de l'armée, le général Euripides Uribe, a estimé que la situation était maîtrisée mais a prévenu qu'il ne "permettrait pas le désordre". M. Jeronimo a qualifié la journée de "succès", estimant que la population s'était mobilisée fortement pour demander au gouvernement un changement de sa gestion de l'économie, des finances publiques et des projets sociaux, face à la crise qui entame son pouvoir d'achat. L'opposition avait dénoncé lundi des dizaines d'arrestations, notamment de dirigeants de la Coordination.
La grève visait à protester contre une forte hausse des prix des produits de consommation et contre le mauvais fonctionnement du réseau électrique. Les grévistes exigeaient la réduction du prix des combustibles qui ont augmenté de 150% en trois ans, l'amélioration des hôpitaux, la suspension du paiement de la dette extérieure et des accords avec le FMI. La République dominicaine, qui compte environ 8 millions d'habitants, est une destination touristique majeure pour les vacanciers européens et d'Amérique du nord. En un peu plus d'un an, la monnaie locale a perdu plus de 100% de sa valeur l'inflation atteindra 35% cette année.