SAINT-DOMINGUE (AFP) - Les autobus, écoles et magasins ont repris leur activité mercredi en République dominicaine au lendemain de violents affrontements entre forces de sécurité et manifestants ayant fait sept morts lors d'une grève générale contre la politique du président Hipolito Mejia.
La police nationale a annoncé la mort de sept personnes dont cinq civils et un policier mardi et une femme de 42 ans mercredi matin des suites de blessures infligées par des tirs de fusil alors qu'elle se rendait à son travail.
Les organisations syndicales et mouvements de citoyens à l'origine de la grève ont donné 30 jours au gouvernement pour qu'il réponde à leurs exigences de stopper la flambée des prix des produits de base (carburant et médicaments), la dévaluation de la monnaie et l'alourdissement des charges fiscales. Dans le cas contraire, ils ont annoncé de nouvelles protestations encore plus déterminées.
La République dominicaine est une destination touristique majeure des Européens et des Nord-Américains. Le président a adopté une politique de la main tendue mercredi, en "déplorant les actes isolés de violence et les pertes en vie humaine" tout "en reconnaissant le civisme de la population". Il a noté que celle-ci "a agi en respectant les propriétés" privées, estimant que "ce qui est important c'est maintenir la paix sociale et le développement de la nation".
Le secrétaire des forces armées, le général Jose Miguel Soto, a nié pour sa part que les militaires aient agi de manière répressive et a expliqué les morts de manifestants par l'utilisation par ceux-ci de "méthodes violentes". Il a précisé que les militaires n'étaient que des "auxiliaires de la police" et que c'était celle-ci qui était chargée du maintien de l'ordre.
Mercredi, la capitale Saint-Domingue avait retrouvé le calme, mais des manifestations ont été constatées dans le nord. La Coordination et des sources médicales ont affirmé que huit personnes avaient été tuées lors de la répression des manifestations par les forces de sécurité, dont six civils identifiés et un policier. Mais la police a indiqué que la huitième personne était morte lors d'une tentative d'agression.
Dans plusieurs villes, les manifestants avaient défilé mardi en tapant sur des casseroles, incendiant des pneus tandis que certains lançaient des pierres sur les militaires. Par la suite, l'armée était intervenue notamment dans la capitale, sillonnée par de nombreuses patrouilles.
L'opposition au gouvernement du président social-démocrate Mejia réclame une modification de la législation sur les hydrocarbures afin d'enrayer l'escalade des prix des combustibles. Elle a aussi rejeté la création de nouveaux impôts et exigé une amélioration de la fourniture d'électricité, le réseau étant coupé parfois jusqu'à 20 heures d'affilée.
Les organisations sociales ont en outre demandé la suspension des remboursements de la dette extérieure (qui dépasse les 5 milliards de dollars) et se sont opposés à la conclusion de nouveaux accords avec le Fonds monétaire international. Des fonctionnaires du FMI sont justement attendus à Saint-Domingue dans les prochains jours pour négocier un financement de 600 millions de dollars sur deux ans.
La République dominicaine, petit pays caraïbe de 8,6 millions d'habitants qui prospérait jusqu'à récemment grâce au tourisme et aux exportations de sucre, traverse depuis un an une grave crise bancaire (avec la faillite de la principale banque Baninter, pour fraude) et monétaire. L'inflation devrait atteindre 35% cette année.