Journal l'Humanité

Rubrique International
Article paru dans l'édition du 13 septembre 2005.

 

monde
Affrontements à Belfast

L’interdiction faite à l’ordre protestant d’Orange de traverser un quartier à dominante républicaine lors d’une de ses marches provoque des émeutes.

Cascade de violences dans les rues de Belfast toute cette fin de semaine, opposant des émeutiers protestants extrémistes aux forces de police. Dix-sept policiers ont été blessés à l’occasion de nouvelles manifestations loyalistes survenues dans la nuit de dimanche à lundi, ponctuées de jets de cocktails Molotov et de grenades artisanales, ainsi que de tirs d’armes automatiques. Des premières émeutes avaient eu lieu samedi à l’issue de défilés orangistes. Trente-deux policiers avaient alors été grièvement blessés ainsi que deux civils, l’un par une balle tirée par un émeutier, l’autre par l’explosion d’une grenade artisanale. Les services de secours ont annoncé qu’ils n’avaient pu pénétrer dans certains quartiers. Parlant de l’appel lancé par les proches d’une femme âgée, le porte-parole des ambulanciers rapportait : « c’était trop dangereux d’y aller. Nous avons dû indiquer par téléphone à la famille ce qu’elle devait faire et nous leur avons dit de se tourner vers leur généraliste. »

Le chef de la police nord-irlandaise, Hugh Orde, a accusé dimanche les protestants de l’ordre d’Orange de porter la responsabilité de ces émeutes. Pour la première fois depuis 2000, les policiers et soldats britanniques ont riposté à balles réelles aux attaques des activistes de groupes armés protestants se déclarant fidèles à la couronne britannique. « La violence était complètement organisée, les balles, les grenades artisanales, les tubes bourrés d’explosif, les cocktails Molotov n’apparaissent pas par accident », a dénoncé Hugh Orde. Samedi après-midi, quelques centaines de loyalistes manifestaient contre l’interdiction du passage d’une marche de l’ordre d’Orange dans le fief républicain de Whiterock Road, dans l’ouest catholique de Belfast. Un type de provocation (la célébration de la victoire du roi protestant Guillaume d’Orange sur les catholiques du roi Jacques en 1690) dont les extrémistes protestants sont coutumiers. La manifestation a rapidement dégénéré en émeutes. Les policiers et les soldats britanniques, qui avaient pourtant érigé un écran métalique et dressé un barrage de véhicules blindés à l’intersection des quartiers protestant et catholique, ont été pris pour cibles.

À l’initiative de cette flambée, donc, la confrérie politico-religieuse de l’ordre d’Orange, qui compte près de 100 000 membres en Irlande du Nord. « Ses dirigeants portent l’entière responsabilité de ce qui s’est passé », a affirmé Hugh Orde devant la presse. « J’ai vu des orangistes s’entretenir avec des hommes masqués, j’ai vu des hommes portant l’étole de l’ordre d’Orange attaquer mes hommes », a-t-il ajouté, assurant qu’il possédait des « kilomètres de bandes vidéo » pour soutenir ses accusations. « La violence honteuse et le désordre dont nous avons été témoins sont complètement injustifiables », a déclaré de son côté le secrétaire d’État britannique chargé de la sécurité en Irlande du Nord, Shaun Woodward.

Jean Chatain

 

 
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