BELFAST (Reuters) - Les habitants de Belfast devaient se frayer un passage ce matin entre les voitures carbonisées dans les rues jonchées de bris de verre, après deux jours d'émeute qui ont fait 50 blessés parmi les policiers.
Les plus graves émeutes en Irlande du Nord de ces dernières années ont éclaté ce week-end lorsque des manifestants protestants ont jeté des cocktails Molotov, incendié des voitures volées et tiré sur la police.
Dimanche, 32 policiers avaient été blessés. La police a attribué la responsabilité des violences à l'ordre d'Orange, qui est favorable au maintien de la souveraineté de Londres en Irlande du Nord.
Les affrontements ont cessé lundi au petit matin mais des rues de Belfast et des alentours conservaient encore les traces des affrontements des deux jours précédents.
"Nous avons assisté à une situation où (...) la police a dû faire face à des tentatives de meurtres et à une violence telle qu'on n'en avait plus vu depuis des années", a déclaré Peter Hain, secrétaire britannique à l'Irlande du Nord, sur les ondes de la BBC.
Hain devait rencontrer lundi le chef de la police d'Irlande du Nord, Hugh Orde, pour discuter des émeutes. Ils ont tous deux souligné qu'elles étaient confinées dans des zones restreintes.
"Il est important de rappeler que ces événements n'ont pas concerné l'ensemble de la province. (Les violences) étaient isolées. La plus grande partie de l'Irlande du Nord vaque normalement à ses occupations, sans être troublées par ces problèmes graves", a souligné Orde sur la chaîne irlandaise RTE.
LE DEFILE ORANGISTE A L'ORIGINE DES EMEUTES
Hain a noté que les émeutes avaient éclaté dans des zones longtemps épargnées par la violence.
"La différence est qu'il s'agit de groupes loyalistes qui (...) se retournent contre leur propre communauté plutôt que d'attaquer des catholiques et les quartiers nationalistes comme c'était le cas autrefois."
Les Orangistes et les manifestants protestants avaient particulièrement mal accueilli dans la semaine le fait que les autorités aient modifié le tracé de leur défilé pour l'empêcher de passer dans une enclave nationaliste de Springfield Road, à Belfast, en raison de l'opposition de ses habitants.
Les affrontements ont éclaté quand le cortège s'est approché de la section en question.
Chaque année, des milliers d'Orangistes participent à des défilés traditionnels pour commémorer la défaite, au XVIIe siècle, du roi catholique Jacques II face au protestant Guillaume d'Orange.
Nombre de catholiques de l'Ulster y voient une provocation.
Les tensions se sont accentuées ces derniers temps en Irlande du Nord car les protestants considèrent que Londres a réduit trop rapidement sa présence militaire dans la province et aurait dû attendre davantage de gestes de la part de l'Armée républicaine irlandaise (Ira).
En juillet, cette dernière a annoncé la fin de sa lutte armée et s'est engagée à déposer les armes. Mais elle n'a pour l'instant apporté la preuve qu'elle avait commencé à déposer les armes.
Ces émeutes sont un revers pour les gouvernements de Londres et de Dublin, qui souhaitent relancer l'assemblée biconfessionnelle mise en place en 1998 par l'accord du Vendredi/JCL/LB