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Nourrie par la même radio pirate, la rumeur s'est répandue pendant plusieurs jours dans le quartier. La victime n'aurait pas porté plainte car, immigrante illégale, elle craindrait d'être expulsée.
Désireuse de calmer les esprits, la police avait organisé une réunion publique dans une église à laquelle participaient quelque 300 personnes, en présence du député local, Khalid Mahmood, un travailliste originaire de la communauté pakistanaise. Des banderoles faisaient état du soutien de l'auditoire aux "victimes silencieuses" des agressions sexuelles. Plus d'un millier de personnes avaient au cours des derniers jours signé une pétition réclamant "justice" pour la jeune fille.
BOUTIQUES ATTAQUÉES
Les incidents ont éclaté juste après cette réunion. Selon certains témoins, une centaine d'Asiatiques se sont rassemblés et ont enfilé des masques et des cagoules. Selon d'autres, un groupe a lancé des pierres vers l'église. La bagarre a dégénéré en émeute. Des policiers en tenue antiémeute ont essuyé des jets de pierres et de bouteilles. Des voitures ont été renversées ou incendiées. Des boutiques ont été attaquées. Des jeunes armés de battes de base-ball s'en sont pris à des automobilistes, dont une reporter de l'agence britannique Press Association, Alex Thompson. Un Noir d'une vingtaine d'années est mort à l'hôpital après avoir été poignardé à l'arme blanche. Selon la police, les violences ont été déclenchées par des "fauteurs de troubles" venus de Londres et d'autres régions du pays.
Le commissaire divisionnaire adjoint, David Shaw, a appelé les gens du quartier "à ne pas appliquer la loi eux-mêmes" , à "cesser de répandre des rumeurs" et "à faire un effort collectif pour que les événements en restent là". Il a rappelé que la police avait traité l'affaire sérieusement, que l'enquête se poursuivait et qu'elle "voulait absolument parler à la victime". Ces émeutes, a-t-il ajouté, "ne reflètent pas l'état des relations entre les communautés de Birmingham".
Le quartier de Lozells abrite deux importantes communautés d'origine jamaïcaine et sud-asiatique (venue du Pakistan, du Bangladesh et d'Inde) qui, à elles seules, représentent plus des trois quarts des habitants. C'est une communauté défavorisée, avec 22 % de chômeurs, plus de 30 % de parents célibataires, et 20 % de bénéficiaires d'indemnités pour maladie de longue durée.
Une rivalité oppose certains gangs, qui en sont issus, notamment pour le contrôle du trafic de drogue. Il y a vingt ans, en septembre 1985, de violentes émeutes, restées dans les mémoires, avaient dévasté pendant deux jours Lozells et Handsworth, un quartier tout proche, à la suite de l'arrestation d'un Noir par la police.