Monde
Explosion de violence raciale à Birmingham
Une rumeur de viol d'une jeune Noire par un gang «asiatique» a entraîné des émeutes.
Par Armelle THORAVAL
lundi 24 octobre 2005
Appels au calme. Samedi après-midi, dans une église, les leaders des différents groupes ethniques qui vivent dans cette partie de la ville, évangélistes de la communauté afro-caribéenne ou représentants des musulmans pakistanais, ont organisé une réunion pour tenter d'apaiser les esprits. Malgré les appels au calme, Lozells Road a basculé dans la violence durant la nuit de samedi à dimanche. Hier matin, le bilan de la nuit d'émeutes était sévère : un Noir de 23 ans, poignardé, est mort à l'hôpital, un policier a été atteint d'une balle à la cuisse et 35 personnes étaient toujours hospitalisées. Hier, la police a procédé à plusieurs arrestations. La réunion dans l'église n'était pas terminée, samedi, quand des centaines de jeunes ont commencé à descendre dans les rues du quartier et à attaquer des magasins. La tenancière d'un pub a assuré avoir vu une centaine de jeunes Asiatiques se rassembler, masqués et cagoulés, prétendant vouloir s'armer. Elle dit aussi avoir vu ces mêmes jeunes poursuivre des Noirs, armés de bâtons ou de battes de base-ball. Un épicier asiatique indiquait hier sur la BBC que le gang de hoodies (encapuchonnés) qui a dévasté son magasin d'alimentation, samedi, était composé de Noirs. Voitures incendiées, jets de briques et de bouteilles sur les forces antiémeutes, bataille rangée entre les deux camps : malgré cette nuit de violences, la police refusait hier de parler d'émeutes raciales, estimant que des «éléments» criminels ont usé d'un «prétexte» pour se déchaîner. Ghettoïsation. La jeune fille agressée serait une immigrée clandestine qui n'oserait pas porter plainte. La police indiquait hier la rechercher désespérément. Fin septembre, la Commission pour l'égalité raciale dénonçait le risque de ghettoïsation croissant dans plusieurs grandes villes et soulignait le repliement des communautés asiatiques ou noires sur elles-mêmes. Un rapport qui avait valu une volée de bois vert au président de cette commission.
Londres de notre correspondantee n'était qu'une rumeur, non confirmée par la police, incertaine sur le lieu et même sur la victime. Une jeune fille noire, peut-être jamaïcaine, de 14 ans, aurait été agressée par plusieurs hommes à la sortie d'un magasin et violée. Les agresseurs étaient présumés appartenir à un gang «asiatique», c'est-à-dire d'origine pakistanaise. Comme le raconte la police des West Midlands, la rumeur a enflé dans les rues de Perry Barr, quartier du nord-ouest de Birmingham, deuxième ville britannique, durant une semaine. «Nous l'avons prise très au sérieux et nous avons recherché si une attaque avait eu lieu, sans trouver aucune preuve.» Mais il y a eu dans le même temps une plainte pour agression, celle d'une femme de 30 ans, et cinq arrestations. Dans les rues, les deux histoires se sont mêlées et la tension est vite montée.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=333202