Pacifique :28/04/2006 à 06:16 L'Australie et la Nouvelle-Zélande prêchent pour la bonne gouvernance aux Salomon
(Flash d'Océanie) - Phil Goff, ministre de la défense de la Nouvelle-Zélande et Chris Ellison, ministre australien de la justice, se trouvaient en fin de semaine aux îles Salomon, où il ont quasi-simultanément réitéré la conviction de leurs gouvernements que la corruption doit être éradiquée de cet archipel mélanésien.
En particulier, un message à peine voilé a été lancé à l'attention de la Chine Populaire et de Taiwan, à qui les ministres ont conseillé de ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures de ces îles.
La semaine dernière, à l'annonce de l'élection de M. Snyder Rini au poste de Premier ministre, des émeutes sans précédent ont éclaté dans la capitale Honiara.
Elles étaient motivées par la croyance d'une partie des émeutiers que M. Rini (qui a dû démissionner mercredi) s'était hissé à ce poste en achetant les voix de plusieurs députés.
Désormais, le Parlement doit se réunir à nouveau jeudi de la semaine prochaine pour élire un nouveau chef pour un gouvernement restant à former depuis les élections législatives du 5 avril.
Les émeutes de la semaine dernière ont aussi nécessité l'envoi d'importants renforts policiers et militaires d'Australie et de Nouvelle-Zélande, pour épauler la force d'intervention régionale RAMSI (installée en juillet 2003) et ainsi porter ses effectifs à plus de sept cent hommes.
Plus de trois cent ressortissants chinois résidant et ayant des entreprises à Honiara ont par ailleurs été rapatriés vers la Chine populaire, à bord d'un avion affrété par le gouvernement de Pékin.
Lors de son passage jeudi à Honiara, pour se rendre compte de visu de l'étendue des dégâts (et en particulier la destruction du quartier Chinatown), M. Goff a une nouvelle fois renvoyé Pékin et Taipei dos à dos, en déconseillant à Taiwan de faire circuler de l'argent avant l'élection du Premier ministre, la semaine prochaine.
Et à Pékin de ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures des Salomon.
" La concurrence entre Pékin et Taipei n'est pas un secret. Et cette concurrence amène quelquefois à ce que de l'argent n'aille pas directement à un projet d'aide au développement, en harmonie avec les autres bailleurs de fonds, mais aille à des individus particuliers ", a commenté le chef de la défense néo-zélandaise, faisant ainsi allusion à la guerre diplomatique que se livrent ces deux pays dans le Pacifique Sud où, pour le moment, les Salomon reconnaissent Taiwan.
" Nous déplorons la diplomatie du carnet de chèques, d'où qu'elle vienne et de qui qu'elle vienne. Nous considérons cela comme négative au développement convenable des îles Salomon, négatif du point de vue du peuple ", a ajouté sans équivoque M. Goff, qui a rencontré plusieurs membres du gouvernement intérimaire et de l'opposition, y compris un ancien Premier ministre, Mannaseh Sogavare qui, en échange de son changement de camp en début de semaine, s'est vu introniser candidat officiel au poste de Premier ministre.
M. Sogavare (qui bénéficierait ainsi du soutien de l'opposition ayant déposé une motion de censure de censure ayant poussé M. Rini à la démission mercredi) déclare d'ores et déjà que s'il accède au pouvoir, il révisera la position officielle des îles Salomon vis-à-vis de Taiwan.
L'Australien Chris Ellison,, ministre de la justice, lors de son passage à Honiara vendredi, une semaine après le ministre des affaires étrangères Alexander Downer, a lui aussi renforcé la position anti-corruption de Canberra tout en déplorant le " recul " de cet archipel en terme d'efforts de reconstruction, de réformes et de rétablissement de l'état de droit, après les événements de la semaine dernière.
En milieu de semaine, Alexander Downer avait en substance estimé que la crise politique des Salomon serait probablement suivie d'autres à venir.
Les ministres australiens et néo-zélandais ont par ailleurs défendu l'action de la RAMSI aux îles Salomon, que certains politiques salomonais avaient, ces derniers jours, de s'ingérer dans les affaire de cet archipel.
M. Sogavare, jeudi, a pour sa part laissé entendre que s'il était élu, le poste de l'actuel chef de la police salomonaise, l'Australien Shane Castles, serait remis en question.
Un autre ancien Premier ministre, Bartholomew Ulufa'alu, a pour sa part condamné la présence d'hommes en armes, cette semaine, dans l'enceinte du Parlement, d' " annexion complète " du pays par des forces étrangères.
Au lendemain des émeutes de la semaine dernière, la police locale, épaulée par la RAMSI, avait procédé à l'arrestation de trois députés de l'opposition, soupçonnés d'avoir incité la foule à la violence.
Les demandes de remise en liberté provisoire pour deux d'entre eux, Nelson Ne'e et Charles Dausabea, ont été rejetées et ils demeurent en détention préventive, en attendant leur comparution.
" Ce que nous avons fait au cours de ces sept derniers jours était entièrement approprié, a rétorqué M. Castles.