ADDIS ABEBA (AFP) - Addis Abeba a menacé samedi d'"écraser" les islamistes somaliens tout en se disant confiant qu'ils n'oseraient pas attaquer, même si leur chef a appelé à la "guerre sainte" contre l'Ethiopie, accusée d'avoir "envahi" la Somalie.
Parallèlement, de nouveaux soldats éthiopiens sont arrivés en Somalie dans une localité située à mi-chemin entre la frontière des deux pays et Baïdoa (250 km au nord-ouest de Mogadiscio), siège du gouvernement de transition somalien qu'Addis Abeba s'est engagé à défendre contre toute attaque des milices islamistes, ont indiqué des habitants de la localité, Wajid, joints par l'AFP.
"Je pense qu'ils (les islamistes somaliens) n'oseront rien faire, car ils savent qu'il y a une force (NDLR: l'armée éthiopienne) capable de faire ce qu'elle a dit, une force capable d'écraser quiconque, au sens propre du terme", a déclaré sous couvert d'anonymat un haut-responsable gouvernemental éthiopien, interrogé par l'AFP à Addis Abeba.
"L'Ethiopie a fait savoir clairement à plusieurs reprises qu'il y a une frontière qu'ils (les islamistes somaliens) ne doivent pas franchir. S'ils le font, ils seront écrasés", a insisté cette source.
L'Ethiopie, qui possède une des armées les plus aguerries et les mieux équipées d'Afrique, joue un rôle politique prépondérant en Somalie, pays morcelé par 15 ans de guerre civile.
Addis Abeba a déjà ouvertement fait part de son inquiétude sur la progression des islamistes, qui ont pris le contrôle en juin de Mogadiscio et d'une partie du pays après avoir défait des chefs de guerre soutenus par les Etats-Unis dans le cadre des opérations antiterroristes. Washington accuse les islamistes d'abriter des membres d'Al-Qaïda.
Vendredi, le chef des islamistes somaliens, cheikh Hassan Dahir Aweys, a appelé les Somaliens à la "guerre sainte" contre l'Ethiopie, accusant l'armée d'Addis Abeba d'avoir "envahi" la Somalie.
"Les Ethiopiens ont envahi notre pays et nous devons les forcer à le quitter et cela sera une guerre sainte", a affirmé dans un message sur une radio de Mogadiscio le chef du Conseil suprême islamique de Somalie (SICS), qualifié de terroriste par les Etats-Unis et qui réside dans sa région natale de Galgadud (centre).
Tôt samedi, environ 250 soldats éthiopiens sont arrivés à Wajid (100 km au nord de Baïdoa) avec de l'armement lourd, selon des habitants. "Les Ethiopiens sont arrivés à bord de 30 véhicules", a expliqué l'un d'eux, Ahmed Issa. Wajid se trouve sur l'un des axes routiers reliant l'Ethiopie à Baïdoa.
Un représentant de l'administration locale a toutefois démenti, sous couvert d'anonymat, la présence de soldats éthiopiens dans Wajid.
Les gouvernements éthiopien et somalien ont également démenti toute présence militaire éthiopienne en Somalie, pourtant confirmée depuis jeudi par de nombreux témoignages d'habitants.
Le gouvernement de transition avait accusé mercredi les islamistes de préparer une offensive contre Baïdoa, après une incursion de miliciens dans une localité située à une quarantaine de km de la ville.
Les islamistes, qui se sont repliés de cette localité, ont nié toute intention belliqueuse et ont accusé à leur tour le gouvernement de chercher une intervention militaire éthiopienne.
Les islamistes, qui veulent instaurer la loi coranique (charia) en Somalie, et le gouvernement de transition, impuissant à établir son autorité depuis sa création en 2004, ont signé le 22 juin à Khartoum un accord de cessation des hostilités et de reconnaissance mutuelle.
Samedi, le gouvernement de transition somalien a conditionné toute négociation à "une garantie internationale" sur l'application des décisions de tels pourparlers. Le gouvernement a justifié cette exigence par le caractère "imprévisible" des islamistes qui ont violé selon lui l'accord de Khartoum.