mercredi 3 août 2005
Télécharger vos logos et sonneries avec afrik.com
  :: Société :: Afrique de l’Est :: Soudan :: Pan Afrique
 
Mort de John Garang : les émeutes font 80 morts
Les Soudanais du Sud ne croient pas au crash et accusent des responsables « arabes »

mardi 2 août 2005, par Habibou Bangré


Malgré l’appel au calme de la communauté internationale après la mort, samedi, du Premier Vice-président John Garang, des émeutes ont éclaté lundi au Soudan. On rapporte près de 80 morts dans les violents heurts, qui ont principalement opposé des Sud Soudanais à la police et aux Soudanais « arabes ». Les troubles ont repris ce mardi, après une courte accalmie, alors que le mouvement du disparu a proposé Salva Kiir au poste de premier Vice-président.

 
Voir aussi
- Soudan : John Garang est mort
- Guinée Bissau : Joao Bernardo Vieira revient au pouvoir
- « L’affaire Idrissa Seck »
- La rivale de Dakar

Société
- Mort du roi Fahd d’Arabie Saoudite : les réactions de la presse africaine
- Les rebelles en Côte d’ivoire refusent de déposer les armes
- Côte d’ivoire : Patriotes vs Houphouëtistes, le combat des petits frères
- Mohammed Bouyeri condamné à la perpétuité

PUBLICITÉ

Pan Afrique
- Football : les derniers transferts africains
- Françoise Foning : présidente du patronat féminin mondial
- Donald Kaberuka : nouveau président de la Banque africaine de développement
- L’œuvre de Marc-Vivien FOÉ bafouée

Soudan
- John Garang, nouveau vice-président du Soudan
- Le Tata sénégalais de Chasselay
- Accord de paix historique au Sud-Soudan
- Soudan : le Nord et le Sud font la paix

La mort de John Garang, samedi, est un coup dur pour le Soudan et peut-être pour le processus de paix. Des émeutes ont éclaté lundi, principalement dans le Sud du pays, d’où était originaire le premier Vice-président, et à Khartoum. Les violents heurts, qui ont repris ce mardi dans la capitale, auraient fait près de 80 morts dans le pays. Certains émeutiers ont attaqué des propriétés appartenant à des Soudanais soupçonnés d’avoir des descendants « arabes », estimant que c’est le gouvernement qui a causé la mort du leader du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, ex-rebellion).

Même les Soudanais du Sud exilés au Kenya n’ont pu réprimer leur peine en apprenant que l’hélicoptère qui ramenait John Garang de l’Ouganda au Sud Soudan s’était écrasé, suite à des « problèmes de visibilité », comme l’a expliqué lundi le Président Omar al-Béchir. Une version qui n’a pas convaincu tout le monde. Certains soupçonnent que si le MI 72 ougandais qui rapatriait le numéro un du SPLM a eu un accident mortel pour ses 14 passagers, c’est parce que le gouvernement, majoritairement « arabe », l’a bien voulu.

Près de 80 morts, des centaines de blessés

Du coup, si des manifestants du Sud ont exprimé lundi leur colère par des cris et des pleurs, d’autres ont pris pour cible, à Juba, principale ville du Sud, les biens appartenant à des Soudanais « arabes » du Nord. Des violences auraient aussi été relevées à Malakal et Wau. Selon des témoignages, ils auraient saccagé ou vandalisé des magasins, brûlé des voitures et agressés des Soudanais « arabes » avant de se confronter aux forces de l’ordre. A Khartoum, les Sudistes vivant dans la capitale ont aussi causé de nombreux dégâts. Tout cela malgré les différents appels au calme, notamment du SPLM. Les autorités ont donc imposé un couvre-feu lundi dès 18 heures, heure locale, à la suite duquel un calme relatif est revenu peu à peu.

Au total, l’Agence France Presse, qui a approché différentes sources médicales, rapporte à 42 morts à Khartoum. Le Monde, se basant sur des sources gouvernementales, indique pour sa part que 36 personnes ont été tuées dans le Sud. Plusieurs policiers seraient parmi les victimes, Nord et Sud confondu. On compte des centaines de blessés sur l’ensemble du territoire. Un bilan assombrissant le premier des trois jours de deuil national. L’accalmie n’a pas duré longtemps, puisque, ce mardi, de nouveaux affrontements ont été constatés dans la capitale. Des journalistes soudanais expliquent que des heurts ont opposé des habitants du Nord à des partisans du Sud, rapporte Radio Canada.

Après de nombreux messages de condoléances des pays étrangers, le Soudan reçoit donc aussi beaucoup d’appels au calme. Des appels lancés par des dirigeants africains, des chefs d’Etat extérieurs au continent, l’Union africaine, les Nations Unies,... Avec un seul et unique but : poursuivre le processus de paix, commencé le 9 janvier dernier avec la signature d’un accord historique. La paix. C’est un vœu que Rebecca Garang, la femme du défunt a aussi émis, assurant que la « vision de son mari époux devait rester vivante ».

Salva Kiir, nouveau leader du SPLM

C’est dans cette optique que le Président des Etats-Unis George Bush a envoyé lundi deux émissaires au Soudan. Il s’agit de la Secrétaire d’Etat adjointe chargée de l’Afrique, Connie Newman, et l’émissaire spécial de la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice, Roger Winter. « Ils se rendront dans le Sud du Soudan et à Khartoum pour s’entretenir avec les parties et les encourager à garder l’élan sur l’accord de paix global et le Darfour », a expliqué Tom Casey, porte-parole du département d’Etat.

Le chef de l’Etat soudanais a déjà expliqué qu’il s’engagerait à poursuivre le processus de paix. Pour montrer leur détermination à poursuivre l’œuvre entamée par John Garang, le SPLM a quant à lui annoncé qu’il proposait Salva Kiir pour remplacer le leader disparu au poste de premier Vice-président. Khartoum n’aurait pas encore donné son aval, mais le président adjoint de l’ex-mouvement rebelle, et président de son bras armé, est de toute façon promu nouveau leader du SPLM. Salva Kiir semble croire que le mouvement peut avoir les reins assez solides pour affronter l’après John Garang. « Il nous faut rassurer tout le monde, la direction et les cadres de notre mouvement resteront unis et vont s’efforcer d’appliquer loyalement l’accord de paix », a-t-il déclaré.

Le chercheur John Prendergast, de l’organisation International Crisis Group, n’est pas aussi optimiste. Dans un rapport, il soulignait que « si la communauté internationale ne s’attaque pas aux vrais problèmes de fond, l’accord entier pourrait se déliter avec des conséquences aussi meurtrières que la guerre qui vient juste de se terminer ». Sans compter le Darfour et les soubresauts de l’Est du Soudan. Si aucun événement majeur ne vient bloquer le processus de paix, Salva Kiir devrait devenir le nouveau premier Vice-président qui participera, avec le chef de l’Etat, à la formation du gouvernement d’unité nationale, le 9 août prochain.

-  Lire aussi :
Soudan : John Garang est mort
John Garang, nouveau vice-président du Soudan



Imprimez cet article

   |    Envoyez cet article  

|   Commentez cet article
(1 commentaire)