ZANZIBAR, Tanzanie (Reuters) - Des militaires ont ouvert le feu et fait usage de gaz lacrymogènes contre des partisans de l'opposition au cours d'un accrochage survenu dimanche devant un bureau de vote de Zanzibar, où avait lieu une élection présidentielle.
Les soldats sont intervenus dans la ville historique de Stone Town lorsque des opposants ont réagi avec colère à l'arrivée de dizaines de partisans du gouvernement à bord de véhicules sous escorte militaire, ont constaté des journalistes de Reuters.
Les forces de sécurité ont chassé les partisans de l'opposition qui s'étaient mis à lancer des pierres, tout en aidant les électeurs pro-gouvernementaux à former des files d'attente devant le bureau de vote.
Un coup de feu a été tiré au-dessus de la foule au vu des journalistes étrangers et de quelques observateurs internationaux.
"Le CUF sème le chaos, nous ne le permettrons pas", a déclaré un soldat en faisant allusion au Front civique uni (CUF, opposition).
Les violences ont cessé après la fermeture des bureaux de vote à 14h00 GMT. La participation semble avoir été massive, même si aucun chiffre officiel n'était encore disponible.
ACCUSATIONS DE FRAUDE
La moitié environ du million d'habitants de Zanzibar, archipel tanzanien semi-autonome de l'océan Indien, était appelée aux urnes dimanche pour départager le président sortant Amani Abeid Karume, dont le Parti de la révolution (CCM) est au pouvoir depuis 1964 à Zanzibar, et Seif Sharif Hamad.
Le CCM, qui est aussi la formation dominante au niveau national en Tanzanie, affirme garantir la paix et la stabilité.
L'élection présidentielle nationale, qui devait initialement se tenir dimanche elle aussi, a été repoussée au 18 décembre en raison du décès d'un candidat.
L'opposition, que le gouvernement accuse de parti pris proarabe et de visées séparatistes, estime avoir été privée de victoires en 1995 et en 2000. Elle a promis de susciter des manifestations si cela recommençait.
Des responsables du CUF ont déclaré que six de leurs employés avaient été "enlevés" dimanche aux premières heures. Dans la matinée, le parti d'opposition a dénoncé des fraudes massives, en faisant état de la disparition de listes d'électeurs et de bureaux de vote qui n'avaient pas ouvert.