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jeudi 4 novembre 2004, 11h57
Thaïlande: dix personnes tuées en 24 heures dans le Sud
BANGKOK (AFP) - Dix personnes, dont au moins neuf bouddhistes, ont été assassinées dans le Sud de la Thaïlande en 24 heures, a annoncé la police jeudi, dix jours après la mort de 87 musulmans lors de la brutale répression d'une manifestation.
Deux employés des chemins de fer, un policier, un vendeur et un ancien responsable local ont été tués par balles tôt jeudi, a précisé la police. Un moine bouddhiste était dans un état critique après avoir été attaqué en matinée par un homme à moto.
Mercredi, cinq personnes ont été tuées: un policier chez lui, une femme et son fils abattus dans leur boutique de légumes, un homme lors d'une attaque dans laquelle son fils a été blessé et un autre homme égorgé. En dehors de l'ancien responsable de district tué mercredi, toutes les victimes étaient bouddhistes. Ces attaques meurtrières séparées se sont produites dans les provinces à majorité musulmane de Pattani, Songkla et Narathiwat, mais c'est dans cette dernière qu'a eu lieu la majorité d'entre elles.
Le 25 octobre, 87 musulmans ont été tués dans cette province après la dispersion d'une manifestation, dont 78 lors de leur transport dans des camions militaires dans lesquels ils avaient été empilés les uns sur les autres et ont suffoqué. Depuis ce drame qui a bouleversé la communauté musulmane et a attiré à Bangkok de nombreuses critiques outragées, le rythme des violences s'est accéléré dans les provinces du Sud --et surtout Narathiwat-- où plus de 480 personnes ont été tuées par des inconnus depuis le début de l'année en comptabilisant les victimes des dernières 24 heures.
Le ministre des Affaires étrangères Surakiart Sathirathai a minimisé la gravité de la situation après un avertissement dans lequel l'Onu a demandé à son personnel en Thaïlande de redoubler de vigilance. "Nous pouvons confirmer pouvoir toujours fournir une haute sécurité aux responsables, diplomates et personnels expatriés", a-t-il dit à la presse.
Mardi, les violences ont pris un tour macabre avec la décapitation d'un responsable de village bouddhiste par des rebelles musulmans qui avaient laissé un message expliquant qu'il s'agissait d'une vengeance pour les morts de Narathiwat. Cette décapitation a donné de la substance aux craintes des analystes de voir le Sud s'embraser après la tragédie de Tak Bai, où avait eu lieu la manifestation, et éventuellement gagner Bangkok. Seulement 5% des habitants de Thaïlande sont musulmans dans ce pays très majoritairement bouddhiste et ils vivent concentrés dans les provinces du Sud, qui avaient déjà connu des violences séparatistes dans les années 70 et 80.
Le roi de Thaïlande Bhumibol Adulyadej, qui est investi d'une immense autorité morale, a demandé dimanche au gouvernement de faire preuve de retenue dans le Sud alors que les forces de sécurité ont été accusées de brutalité. Le commandant de la région militaire du Sud, le général Pisarn Wattanawongkeeree, a été transféré à Bangkok. Le Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra, qui n'a fourni aucune excuse pour la mort des musulmans, expliquant qu'elle était "accidentelle", a déclaré vouloir une conclusion dans les trente jours d'une enquête indépendante demandée à une commission présidée par un ancien médiateur parlementaire.
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