mardi 26 octobre 2004, 21h59
Emeutes en Thaïlande: au moins 78 personnes meurent de suffocation ou écrasées dans des véhicules de police

TAKBAI, Thaïlande (AP) - Au moins 78 personnes sont mortes de suffocation ou écrasées après avoir été arrêtées et entassées dans des véhicules de police, suite à des émeutes qui se sont produites dans le sud de la Thaïlande, ont annoncé mardi les autorités.

Lundi, les forces de sécurité thaïlandaises avaient tiré en l'air et employé des canons à eau ainsi que des gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation de deux milliers de jeunes musulmans qui demandaient la libération de six détenus dans la province de Narathiwat, près d'un commissariat de police. Les affrontements avaient fait six morts et 1.300 personnes avaient été arrêtées.

Mais mardi, le Dr Pornthip Rojanasunan, expert légiste qui travaille pour le ministère de la Justice, a déclaré qu'avec d'autres médecins, elle avait procédé à des autopsies sur 78 corps dans un camp militaire de la province de Pattani, et qu'ils avaient constaté que la plupart étaient morts de suffocation.

Le général Sinchai Nujsathit, commandant adjoint de la quatrième armée, a reconnu que les victimes pourraient être mortes de suffocation "parce que nous avions plus de 1.300 personnes entassées dans des camions". Il n'a pas révélé combien de camions avaient été utilisés.

Manit Suthaporn, secrétaire permanent adjoint au ministère de la Justice, a affirmé que les victimes s'étaient probablement étouffées parce qu'elles étaient entassées les unes sur les autres dans les véhicules.

Le Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra, qui s'exprimait devant la presse alors que les rumeurs faisant état de nombreuses victimes n'avaient pas encore été confirmées, a imputé ce bilan au mois du Ramadan. "Certains sont morts parce qu'ils jeûnaient et qu'ils étaient serrés", a-t-il déclaré. "Leurs corps étaient trop faibles. On ne leur a rien fait".

Mais le bilan a déclenché la colère des autorités musulmanes, qui ont accusé les forces de l'ordre d'avoir eu une réaction démesurée. "Je suis choqué", a déclaré à l'Associated Press Abdulraman Abdulsamad, le président du Conseil islamique de Narathiwat (modéré). "Je ne peux dire ce qui va se passer, mais je crois que les portes de l'enfer vont s'ouvrir". AP