PATTANI, Thaïlande (AP) - Les forces de l'ordre thaïlandaises ont abattu mercredi plus de 100 islamistes présumés qui, armés de machettes, tentaient de s'en prendre à plus d'une quinzaine de postes de police dans le sud de la Thaïlande, majoritairement musulman.
Les affrontements, les plus sanglants dans cette région où des attaques quasi-quotidiennes ont tué plus d'une centaine de personnes cette année, ont fait 112 morts, dont cinq appartenaient aux forces de l'ordre. Le général Chaiyasith Shinawatra, chef de l'armée, a affirmé que 17 assaillants ont par ailleurs été arrêtés.
Les policiers avaient été prévenus à l'avance et attendaient l'offensive, qui a été menée par des jeunes assaillants, des "séparatistes" armés de machettes et parfois d'armes à feu, selon le général Proong Bunphandung, chef de la police pour le sud de ce pays à majorité bouddhiste.
La télévision thaïlandaise a montré les corps d'insurgés islamistes gisant dans une mare de sang, certains devant des commissariats portant encore des machettes.
Après huit heures de combats, la police a pris d'assaut une mosquées dans laquelle des insurgés s'étaient réfugiés après avoir fui des affrontements. Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes et de lance-grenades RPG, et on abattu 32 personnes, selon des témoins.
Vers 5h du matin (mardi 22h GMT), des groupes islamistes ont lancé des attaques simultanées contre au moins quinze commissariats et postes de contrôle dans plusieurs districts des provinces de Yala et de Pattani, a précisé le général Pallop Pinmanee, vice-directeur des opérations de commandement de la sécurité intérieure. Leur but était apparemment de voler des armes.
Aucune organisation n'a revendiqué cette opération coordonnée et menée probablement par plusieurs centaines de jeunes militants. Les violences passées ont été habituellement attribuées à des groupes séparatistes qui demandent la création d'un Etat musulman dans le sud de la Thaïlande.
"La plupart des morts sont des jeunes âgés de 15 à 20 ans, mais deux des leaders ont environ 50 à 60 ans", a précisé le général Proong.
"Leurs actes ne sont pas liés au terrorisme international", a assuré le Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra. Il a en revanche affirmé que les assaillants étaient équipés de "motos toutes neuves", "ce qui prouve qu'ils bénéficient du soutien financier de personnages importants, y compris des politiciens et des bandits de la drogue".
La répression de ces attaques a choqué les habitants du sud et les responsables musulmans. Dans les provinces de Pattani, Yala et Narathiwat, où ils sont majoritaires, les musulmans se plaignent d'être victimes de discriminations dans l'accès à l'emploi ou dans les écoles. Ils affirment que leur culture et leur langue, proche du malais, sont écartées par la majorité thaï.
Mercredi, la montée de violence a incité la Malaisie à accroître les mesures de sécurité le long de sa frontière nord avec la Thaïlande, qu'elle maintient toutefois ouverte. AP
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