CELTIKSUYU, Turquie (AP) - L'espoir s'amenuisait samedi de retrouver des survivants dans le dortoir d'un pensionnat détruit lors du séisme de jeudi dans l'est de la Turquie. Les secouristes ont déjà retiré les corps de 79 enfants des décombres de cette école de Celtiksuyu, mais recherchaient quatre élèves toujours portés disparus.
Au total, le tremblement de terre de magnitude 6,4 a fait au moins 159 morts dans la région et plus de 1.000 blessés, selon des responsables à Bingöl, la grande ville la plus proche.
A Celtiksuyu, les secouristes ont dégagé vivants 114 jeunes des décombres de ce pensionnat qui accueillait des élèves âgés de sept à 16 ans.
Mais, depuis vendredi après-midi, des grues et des engins de terrassement sont entrés en action pour déblayer les gravats, les chiens et les équipements d'écoute électronique ne localisant plus aucun signe de vie dans les décombres du bâtiment de quatre étages.
"Les espoirs diminuent avec le temps", confiait le responsable d'une équipe de secours médicaux, le Dr Mehmet Kursat Derici, qui estime pourtant que certains des enfants porté disparus pourraient toujours se trouver dans des cavités au milieu des décombres.
"Ce n'est pas fini tant que la dernière personne n'a pas été retrouvée", confirmait Serdar Demirel, qui dirige une équipe de secours.
Les proches de certains disparus ont exprimé la crainte que les corps de leurs enfants ne soient abîmés par les équipements lourds utilisés par les secours. "J'espère simplement qu'ils ne vont pas le couper en pièces", déclarait Mehmet Siddik au sujet de son fils de 14 ans, pris au piège dans les décombres.
Les fondations du dortoir n'ont pas résisté à la puissance du tremblement de terre et beaucoup ont pointé du doigt les manquements aux normes en matière de construction. "Assassins", criait Gazal Gunalan, la mère d'un jeune de 15 ans, prisonnier des gravats, qui comme une dizaine d'autres de mères, se tenait devant le bâtiment effondré.
"Regardez ce bâtiment, c'est la mauvaise construction qui a pris la vie de nos enfants", lançait-elle, alors que Kemal Turkaslan, chef de l'association des ingénieurs du bâtiment à Ankara dénonçait les négligences coupables de l'entrepreneur qui s'est occupé des travaux.
Le ministre du Logement et des Travaux publics Zeki Ergezen a déclaré qu'une enquête avait été ouverte sur l'entrepreneur. Selon des informations de presse, ce dernier, Seref Bozkus, s'est rendu coupable d'irrégularités financières.
Au lendemain des violents incidents entre la police et une population de Bingöl en colère, des soldats armés de boucliers anti-émeutes continuaient d'assurer samedi la garde des bureaux du gouverneur. Des véhicules blindés ont patrouillé dans la localité, en partie déserte, mais aucun incident n'a été rapporté.
Selon le gouverneur de Bingöl, Huseyin Aveni Cos, au moins 15 membres des forces de sécurité et quatre civils ont été blessés lors des affrontements de vendredi. Deux policiers se trouvaient dans un état grave, a-t-il précisé.
Lors des incidents, la foule en colère protestait contre le manque de tentes, de vivres et d'eau. Les forces de l'ordre avaient alors tiré en l'air, tandis que les manifestaient réclamaient la démission du gouverneur et lançaient des pierres contre des bâtiments officiels. Plusieurs d'entre eux ont été blessés, ainsi qu'au moins cinq policiers et trois journalistes. AP
lp/mw/sb/sop/v0437