DIYARBAKIR (Turquie) (AFP) - Cinq soldats et un policier turcs ont trouvé la mort lors de combats avec des rebelles kurdes dans des zones rurales de sud-est anatolien à majorité kurde, alors que le calme était revenu mercredi dans les villes, théâtres de violentes émeutes la semaine dernière.
Deux militaires ont péri mardi dans l'explosion d'une mine posée par les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans les monts Gabar (province de Sirnak, voisine de l'Irak), a-t-on indiqué mercredi de source officielle.
Lors des opérations de l'armée pour capturer les auteurs de l'attentat, trois autres militaires ont été abattus par les rebelles qui leur avaient tendu une "embuscade", a-t-on précisé de même source.
L'attaque a en outre fait deux blessés, selon les médias.
Un policier blessé mardi lors d'une attaque à l'arme automatique des rebelles contre un commissariat de Genç, bourgade de la province de Bingöl, à 200 kilomètres au nord-ouest de Sirnak, a succombé à ses blessures dans la nuit de mardi à mercredi, selon des sources locales.
Le Sud-Est anatolien a connu plusieurs jours de graves émeutes la semaine dernière après l'enterrement de rebelles abattus par les forces de sécurité.
Douze personnes ont trouvé la mort dans la région au cours de ces heurts et trois autres à Istanbul (nord-ouest) dans une attaque au cocktail molotov menée par des sympathisants du PKK contre un bus.
Le calme était revenu à Diyarbakir, principale ville de la région et théâtre des plus violents affrontements, où police et militaires assuraient une surveillance renforcée, a constaté un journaliste de l'AFP. Aucun incident n'y a été signalé.
A Istanbul, l'explosion d'une bombe a secoué mercredi un bâtiment abritant une permanence du parti au pouvoir en Turquie, le Parti de la justice et du développement (AKP), faisant trois blessés légers, ont affirmé des cadres du parti.
Fethi Kaya, le chef de l'AKP pour le quartier périphérique d'Esenyurt, a expliqué à l'AFP que l'engin avait été disposé dans une poubelle à l'entrée des locaux de son parti, au second étage du bâtiment.
"La police mène l'enquête, nous ne pouvons porter d'accusations contre personne pour le moment", a déclaré le chef pour Istanbul de l'AKP, Mehmet Müezzinoglu, sur la chaîne CNN-Türk.
Plus tôt dans la journée, le gouvernorat d'Istanbul a annoncé que les forces de sécurité avaient saisi dans un cimetière à Esenyurt 10 kilos de plastic du type fréquemment utilisé par les séparatistes kurdes.
Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne, a multiplié ses opérations dans le Sud-Est depuis juin 2004, date à laquelle il a mis fin à un cessez-le-feu unilatéral de cinq ans.
Le ministère public d'un tribunal d'Ankara a rejeté d'autre part mercredi une demande de rejuger son chef emprisonné à vie Abdullah Öcalan, affirmant que les lois en vigueur ne permettent pas un nouveau procès, selon l'agence Anatolie.
Le chef du PKK, arrêté en 1999, avait demandé en janvier à être rejugé conformément à un arrêt en ce sens de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).
Le tribunal doit décider des suites à donner à cette demande.
Plus de 37.000 personnes ont trouvé la mort dans les combats opposant les forces de sécurité turques et le PKK depuis le début de son soulèvement, en 1984.