Les forces de police sont intervenues jeudi 30 mars pour disperser des milliers de Kurdes qui manifestaient dans le sud-est de la Turquie, où la violence a gagné une deuxième ville après la mort de 14 combattants kurdes tombés sous les balles de l’armée.
Trois personnes ont été tuées lors d’émeutes, des responsables kurdes affirmant que deux d’entre elles avaient été abattues par la police.
Jeudi, huit personnes ont été blessées, dont certaines par des tirs, au cours de nouveaux affrontements à Diyarbakir, selon les autorités. Parmi elles, figurait un petit garçon, blessé par balle à la poitrine par les forces de police, selon des hommes politiques kurdes. Les autorités n’ont pas précisé dans quelles circonstances l’enfant avait été atteint.
Ces violences ont éclaté après les obsèques de quatre combattants tués par l’armée parmi 14 autres dans la province de Mus ces derniers jours.
Après la cérémonie religieuse, les manifestants -des jeunes pour la grande majorité- ont de nouveau envoyé une pluie de pierres en direction des agents de sécurité et des journalistes.
L’atmosphère restait tendue jeudi après-midi dans cette ville de quelque 550 000 habitants.
Généralement, les manifestants qui escortent les corps jusqu’au cimetière en profitent pour s’attaquer à la police, aux magasins et aux bâtiments publics.
« Biji serok Apo (en kurde, « vive le président Apo » -surnom du chef rebelle Abdullah Öcalan) », ou « les martyrs ne meurent pas », ont scandé les manifestants devant la mosquée.
De nombreux magasins restaient fermés par crainte d’être attaqués, comme ce fut le cas ces derniers jours pour de nombreuses boutiques.
Un communiqué conjoint de l’armée, de la police et des autorités civiles annonce qu’ont été prises "toutes le mesures nécessaires dans le cadre des limites de la loi et de la démocratie pour combattre le séparatiste ainsi que le terrorisme, et de les mettre en oeuvre avec une détermination absolue."
Lors des incidents de jeudi à Diyarbakir, des centaines de manifestants ont jeté des engins incendiaires sur deux banques et brisé les vitres du siège local des forces de police ainsi que celles d’un établissement scolaire et de certains commerces, a rapporté l’agence de presse Anatolie. Selon elle, la police a tiré en l’air afin de tenter de disperser la foule tandis que des hélicoptères des forces de l’ordre survolaient les lieux.
Des policiers et des membres des forces paramilitaires ont été envoyés en renforts, la plupart des magasins de la ville restant fermés.
Parallèlement, les protestations violentes se sont étendues à la ville voisine de Batman, où la force publique est intervenue pour stopper une marche à laquelle participaient quelque 2.000 personnes, suite à des jets de cocktails Molotov sur des commerces. Les manifestants ont aussi brisé les vitres d’établissements bancaires et de bureaux de l’administration. Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes. Selon les autorités, douze manifestants ont été blessés dans les affrontements ; il y a eu une quinzaine d’arrestations.
Enfin, la diplomatie turque a exhorté mercredi le Danemark a fermer la chaîne de télévision kurde par satellite Roj TV, qui émet depuis le Danemark, et qui selon Ankara a encouragé les Kurdes au soulèvement depuis mardi. Ankara accuse Roj TV d’être l’organe du PKK, la chaîne affirmant qu’elle n’a aucun lien avec lui.