DIYARBAKIR (AMED), le 29 mars 2006 - (ANF)
Selon les informations obtenues, lors des manifestations qui continuent dans la région de Diyarbakir (Amed), un enfant, nommé Abdullah Duran, âgé de 12 ans, a été tué dans la zone de Baglar, rue Sakarya.
Le corps de Duran est encore à la morgue de l’hôpital d’état. L’oncle de Duran, Mehmet Salih Gezer a déclaré que son neveu a perdu la vie dans la fusillade déclenchée par l’armée lors de la manifestation rue Sakarya et il a ajouté que le corps de Duran ne leur a pas été rendu.
La famille de Duran se bat encore afin de pouvoir récupérer le corps de leur enfant. Avec cette dernière mort, le nombre de personnes tuées par balle augmente à quatre.
D’autre part l’intervention policière a causé la mort d’un jeune garçon de 22 ans, nommé Tarik Atakaya. Nous avons été informés par la suite que ce jeune homme travaillait dans un magasin de meubles à Baglar-Amed.
Par ailleurs selon les sources locales, le corps de Atakaya qui a été tué par les unités spéciales de l’armée turque se trouve encore à la morgue de l’hôpital d’état.
DIYARBAKIR (Turquie), 30 mars 2006 (AFP, ANF et DIHA)
La police a tiré et lancé des grenades lacrymogènes pour disperser une foule d’environ dix mille personnes qui scandaient des slogans en faveur de la rébellion kurde après l’enterrement de deux des trois victimes d’émeutes de mardi.
Deux nouvelles personnes, dont un enfant, ont été grièvement par des tirs à balles sur la foule effectués par la police. Le garçon, âgé de 6 ans, a été atteint d’une balle à la poitrine et il a été immédiatement admis à l’hôpital et opéré. Il est décédé dans la journée.
La deuxième personne a été blessée à la tête par une grenade lacrymogène tirée par la police. Il est également décédé au cours de la journée.
Un autre jeune homme de 17 ans, Remzi Cagri , est décédé suite à des tirs de la police contre la foule qui avait entamé une marche après la cérémonie funéraire.
Lors des émeutes de mardi, trois personnes avaient déjà été tuées et 250 autres blessées, dont la plupart des policiers.
Des patrouilles sillonnaient la ville et des membres des forces spéciales de la police, armes à la main et protégés par des véhicules blindés, ont été déployés à une centaine de mètres de la mosquée aux abords de laquelle les manifestants avaient commencé à se rassembler dans la matinée.
Après la cérémonie religieuse, les manifestants -des jeunes pour la grande majorité- ont de nouveau envoyé une pluie de pierres en direction des agents de sécurité et des journalistes.
L’atmosphère restait tendue jeudi après-midi dans cette ville de quelque 550.000 habitants.
Généralement, les manifestants qui escortent les corps jusqu’au cimetière en profitent pour s’attaquer à la police, aux magasins et aux bâtiments publics.
"Biji serok Apo (en kurde, "vive le président Apo" -surnom du chef rebelle Abdullah Öcalan)", ou "les martyrs ne meurent pas", ont scandé les manifestants devant la mosquée.
De nombreux magasins restaient fermés par crainte d’être attaqués, comme ce fut le cas ces derniers jours pour de nombreuses boutiques restées ouvertes et qui ne manifestaient donc pas une attitude de deuil.
Les événements ont commencé lundi lorsque plusieurs milliers de personnes se sont affrontés aux forces de l’ordre après l’enterrement de quatre de 14 rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste) tués samedi dans des accrochages avec l’armée.
Environ 200 manifestants ont été arrêtés tandis que des renforts ont été envoyés à Diyarbakir.
Les incidents dans cette ville semblent faire tâche d’huile dans les villes voisines. Ainsi à Batman, à l’est de Diyarbakir, des émeutiers kurdes ont incendié jeudi une succursale de banque et un bâtiment des chemins de fer.
Par ailleurs le parquet de Diyarbakir a lancé jeudi une enquête contre des membres du principal parti pro-kurde du pays, dont le maire de la ville, pour apologie de la rébellion kurde, a-t-on indiqué de source judiciaire.
Osman Baydemir, maire de Diyarbakir et membre du DTP (Parti pour une société démocratique), s’était adressé mardi soir à des jeunes émeutiers, saluant leur "courage" mais demandant qu’ils cessent de braver les lois.
Ahmet Cengiz et Murat Avci, respectivement chefs provinciaux du DTP à Diyarbakir et Siirt (sud-est), font également l’objet d’une enquête similaire du bureau du procureur en chef de Diyarbakir.
Elih (Batman), 30 mars 2006 (DIHA)
Plus de 10 000 personnes se sont rassemblées pour protester contre la mort de 14 combattants des HPG. Des unités militaires turques ont été placées à différents endroits de la ville de Batman en vue de ces manifestations. Des affrontements ont éclatés entre manifestants et forces de sécurités turques.
Les affrontements ont été particulièrement violents en face de la mairie et au carrefour de la route Batman Hasankeyf. Des barricades ont été érigées sur différents axes et les unités spéciales, la police anti émeute et les gendarmes exécutent diverses interventions en tirant en l’air avec leurs armes, en tirant des balles en plastique et des lacrymogènes.
Une trentaine de personnes ont été blessées et plus de 20 arrêtées. Un manifestants a été précipité du 4ème étage d’un appartement par la police et ses jambes ont été brisées. Il a ensuite été arrêté.
Les vitres de plusieurs banques dans la Rue des Banques ont été brisées, un immeuble de 4 étages où se trouve la Asya Finans Bank a été entièrement incendié.