Un garçon de trois ans a été tué par balle vendredi 31 mars à Batman (sud-est), portant à sept morts le bilan des émeutes qui frappent depuis le début de la semaine le Kurdistan turc.
Un attentat à la bombe revendiqué par un groupe armé kurde a par ailleurs fait un mort et 13 blessés à Istanbul.
L’enfant suivait depuis la terrasse de sa maison les heurts entre quelque 200 jeunes Kurdes et les forces de sécurité lorsqu’il a été atteint à la gorge par une balle, provenant vraisemblablement de l’arme d’un policier qui a tiré en l’air pour disperser les manifestants.
Six autres personnes, dont deux enfants, ont été tuées dans les émeutes qui ont opposé des milliers de jeunes Kurdes à la police à Diyarbakir et qui ont fait plus de 250 blessés, pour la plupart des membres des forces de sécurité.
Les manifestants ont vandalisé de nombreux magasins et se sont attaqués aux bâtiments publics dans la ville où des renforts policiers ont été envoyés.
Le maire kurde de Diyarbakir, Osman Baydemir, a demandé vendredi aux émeutiers lors d’une conférence de presse de "rentrer chez eux" et de mettre fin à leurs actions.
Les autorités affirment que ces manifestations sont orchestrées par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste) qui mène depuis 1984 une lutte armée contre Ankara.
Le porte-parole de la police à Ankara, Ismail Caliskan, a évoqué une "provocation" des rebelles kurdes et a accusé les émeutiers de s’être servi des enfants dans les incidents.
Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a pour sa part affirmé lors d’une réunion des cadres de son parti à Ankara que "ceux qui jettent leurs enfants dans les rues ou donnent aux organisations terroristes l’occasion de les utiliser pleureront demain en vain".
"Nos forces de sécurité feront ce qu’elles ont à faire, quelles que soient les personnes servant d’instrument au terrorisme, fussent-elles des enfants ou des femmes", a poursuivi M. Erdogan, cité par l’agence de presse Anatolie.
Le ministre de l’Intérieur Abdülkadir Aksu a assuré depuis Diyarbakir que "les provocateurs seront capturés et jugés", ajoutant que "ces actions visent la démocratie".
Le groupe séparatiste kurde des Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK) a par ailleurs revendiqué dans un communiqué un attentat à la bombe qui a fait au moins un mort et 13 blessés vendredi à Fatih, un quartier populaire de la rive occidentale d’Istanbul.
"Désormais, une réponse sera donnée à chaque attaque contre notre peuple avec des actions plus violentes", préviennent les TAK, qui affirment avoir agi en représaille aux "attaques meurtrières" menées par l’Etat turc contre le peuple kurde et menacent de "transformer la Turquie en enfer".
La police affirme que cette organisation sert de prête-nom au PKK, celui-ci rétorquant que les TAK sont constitués d’éléments incontrôlés ayant quitté ses rangs.
La bombe a été déposée dans une poubelle à proximité d’un arrêt d’autobus, selon le gouverneur d’Istanbul Muammer Güler, qui a fait état d’un mort - un vendeur de "simits" (petits pains au sésame) qui exerçait son activité à proximité du lieu de l’explosion - et de 13 blessés, dont trois dans un état sérieux.
Un précédent bilan faisait état d’un mort et 11 blessés.
"Il s’agit d’une attaque traîtresse et vile contre des gens innocents, je la condamne avec virulence et colère", a déclaré le gouverneur, cité par l’agence de presse Anatolie.