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Une semaine après le début des violences - Turquie : les troubles atteignent Ankara

Reuters
Édition du mardi 4 avril 2006

Mots clés : Turquie (pays), Violence, istanbul, kurdes, muammer guler

Istanbul -- Les émeutes kurdes, qui ont frappé la semaine dernière le Sud-Est à majorité kurde de la Turquie, se sont étendues à Istanbul, première métropole du pays, où trois personnes ont été tuées dimanche soir dans l'incendie d'un autobus après une attaque au cocktail Molotov.



Des manifestants ont incendié une barricade hier, à Sanliurfa
Agence Reuters


Depuis la reprise des violences, la semaine dernière, 15 personnes ont été tuées.

Les trois morts d'Istanbul ont péri écrasés par un autobus incendié par des manifestants pro-kurdes dimanche soir à Istanbul, la principale ville du pays gagnée à son tour par les troubles. Cité par l'agence anatolienne de presse, le gouverneur de la ville, Muammer Guler, a confirmé leur décès.

À Gazi, un quartier à forte population kurde d'Istanbul, la police est intervenue à coups de grenades lacrymogènes pour disperser quelque 150 jeunes émeutiers qui avaient érigé des barricades et mis le feu à des poubelles.

Cette nouvelle vague de violences, une des plus violentes depuis que le PKK a pris les armes, en 1984, a commencé il y a une semaine après les funérailles de 14 membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) tués dans des accrochages avec les forces de sécurité.

De sources proches de la sécurité, on faisait état hier de nouveaux troubles dans la ville de Viransehir, près de la frontière syrienne, où la police a dispersé un demi-millier de manifestants qui jetaient des bombes incendiaires et des pierres. On ne signalait pas de victimes dans l'immédiat.

Le gouvernement de Tayyip Erdogan a discuté de la situation et a promis de continuer de traquer les responsables des manifestations.

«Notre gouvernement poursuivra avec détermination la lutte contre le terrorisme», a déclaré le ministre de la Justice, Cemil Cicek, lors d'une conférence de presse. «Je remercie nos forces de sécurité pour avoir agi avec sang-froid et patriotisme et dans le respect de la loi.»

Observateurs politiques et diplomates estiment que ces violences traduisent les frustrations du Sud-Est turc face au niveau élevé du chômage et de la pauvreté et du refus d'Ankara d'accorder davantage d'autonomie à la région majoritairement kurde. Le principal groupe politique kurde de Turquie, le Parti de la société démocratique (DTP), a déploré le refus opposé par le gouvernement à son offre de dialogue.