Ouvertures > 2007-2008 > Planisphère > Descriptif des troubles de novembre 2007 en Bolivie    





Troubles de novembre 2007 en Bolivie (07-11-24-Bolivie)



A l’instar de ce qui se joua au printemps 2005, depuis l’élection d’Evo Morales à la présidence à la fin de cette même année, les situations de tension sociale en Bolivie demeurent principalement liées à la mise en place des nouvelles lois de la gestion étatique, et à leur contestation par l’opposition politicienne dedroite unifiée autour des leaders et dirigeants basés dans les provinces de la partie orientale du pays, aux visées autonomistes et notamment désireux de préserver les bénéfices tirés de l’exploitation des hydrocarbures. Motifs et engagements ne paraissent plus déterminés, centralement, que par ce genre d’enjeux, qu’on réfute ou qu’on appuie les orientations et les promesses gouvernementales. C’est ainsi le cas en janvier 2007 à Cochabamba (07-01-08-Bolivie), où l’on exige la démission du gouverneur local après qu’il a annoncé la tenue prochaine d’un référendum autonomiste, avec des affrontements entre partisans de chaque camp qui font notamment deux morts le 11 janvier. Puis en février suivant, autour de Camiri à l’extrême sud de la province de Santa Cruz (07-02_08-03-Bolivie), où un mouvement encadré se constitue réclamant une « vraie nationalisation » dans la gestion des hydrocarbures ; et encore en avril dans la province de Tarija (07-04-17-Bolivie), dans la zone de Yacuiba, où un différend local lié à la même question entraîne des blocages de routes, des assauts contre des installations gazières, et des affrontements entre habitants et flics qui font au moins un mort et une vingtaine de blessés.



Enfin, à partir de l’été, c’est la ville de Sucre, accueillant l’assemblée devant doter le pays de sa nouvelle constitution, qui devient le lieu principal de la confrontation. En août, manifestations et actions menées sous l’égide de l’opposition, réclamant que la ville devienne le centre des pouvoirs exécutif et législatif au détriment de La Paz, ce que rejette le camp gouvernemental, conduisent au blocage et à la suspension des travaux de l’assemblée constituante, dont la clôture est prévue pour le mois de décembre. Le statu quo se maintenant les mois suivants, le gouvernement finit par décider une sorte de passage en force à la fin novembre.


Le mardi 20 novembre, des paysans « afines a Evo Morales » bloquent deux des quatre accès à la ville de Sucre. De leur côté, des habitants de la ville, opposants au régime, se rassemblent aux abords de l’édifice censé accueillir l’assemblée constituante, dont la reprise des débats est prévue pour le lendemain. Au centre-ville, une bagarre oppose des membres de chaque camp et se solde par deux blessés – avec la continuation de telles altercations les jours suivants.

Le vendredi 23 novembre, le gouvernement décide que l’assemblée se réunira désormais dans un lycée militaire à 10 km de Sucre, ceci sans discontinuer jusqu’à la date butoir du 14 décembre. Les partis de l’opposition annoncent leur boycott. Les soutiens du camp officialiste, tels certains de ces « ponchos rojos » se déclarant « listos para une guerra civil », convergent par centaines vers Sucre, pour se rassembler aux abords du lycée militaire déjà sous la garde des flics et militaires. Pour leur part, des milliers de manifestants opposants se rassemblent sur la place principale de la ville, en protestation du déménagement du siège de l’assemblée. Il y aurait alors une première opposition avec les flics, qui tirent des lacrymogènes.

Le samedi 24, le « texte global » de la nouvelle constitution est approuvé par les seuls députés gouvernementaux ; tandis que les opposants convergent par centaines vers le lycée militaire – il sera ensuite question de 8 000 participants aux troubles. C’est alors que la tension monte d’un cran, possiblement lorsqu’un premier manifestant est tué dans la confrontation avec les flics et militaires, dans un désordre qui gagne son ampleur la plus conséquente, et qui va se prolonger jusqu’au lendemain. Les affrontements paraissent soutenus entre « opposants » et flics, canardés à coups de pierres, cocktails, dynamites ; les possibles affrontements entre partisans de chaque camp, non flics, n’apparaissant pas prédominants. Les députés sont évacués du lycée militaire. Entre le samedi et le dimanche, il se peut que l’ensemble des « dependencias policiales » de la ville ait été détruit, de même qu’une à plusieurs casernes de pompiers, et près d’une cinquantaine de voitures et motos de flics. La maison du gouverneur local, membre du MAS, est incendiée. Une prison est également prise d’assaut, possiblement saccagée et incendiée, avec l’évasion de plus d’une centaine de prisonniers (peut-être 170). L’aéroport de Sucre passe sous le contrôle des émeutiers, les vols sont suspendus. A l’instar du gouvernement, des leaders de l’opposition appellent au calme, ce qui tendrait à confirmer la tournure incontrôlée prise par la situation, quand l’assaut émeutier devient le centre de ce qui a lieu. « Au point culminant des violences, le commandant de la police bolivienne (…) a ordonné le repli de ses forces sur la ville voisine de Potosi », tandis que d’autres flics sont enjoints, ceci plutôt le dimanche, de demeurer dans leurs quartiers – alors que les troubles semblent bien prendre fin ce dimanche, les flics ne feront leur retour dans les rues de Sucre que le mercredi suivant.

Au total, quatre morts sont dénombrés du côté des protestataires, et plus d’une centaine de blessés, voire le triple, dont 3 flics. Annoncée le dimanche, la mort d’un flic lynché par la foule est ensuite démentie.



Avril 2009





    Descriptif des troubles de novembre 2007 en Bolivie

... ->
Invitations au Débat sur la Totalité