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Entre le 31 janvier et le 1er février 2007 en RDC (07-01-31-RDC)



Le 31 janvier à Matadi, dans la province du Bas Congo située à l’ouest du pays, 25 flics de la police nationale en route pour une interpellation se heurtent à des barricades érigées dans les rues. L’opération aurait pour objectif l’arrestation d’un leader local de l’opposition, candidat vaincu aux élections de gouverneur dont les résultats favorables à la majorité présidentielle sont contestés dans la région. Celui que les flics viennent alors chercher n’est pas seulement plus ou moins proche du MLC de Bemba, le grand rival de Kabila, c’est également le membre d’une organisation régionaliste qualifiée de secte mi-religieuse mi-politique : le Bundu Dia Kongo. Ce jour où l’on défile aussi contre la corruption lors du scrutin électoral, ceux qui s’opposent alors à la flicaille sont présentés comme des membres ou partisans de ce groupe. Face à la résistance, la Police Nationale Congolaise fait demi-tour, tandis qu’un militaire serait lapidé à mort par les barricadiers. Deux véhicules de la MONUC sont également arrosés de pierres, l’un parvient à s’enfuir, l’autre est brûlé sur place. Si des tirs répressifs pourraient déjà causer dix morts ce premier jour, c’est vraisemblablement le lendemain que la police fait payer sa débandade aux habitants. Malgré les tirs à balles réelles, on résiste toujours derrière les barrages de rues, et il faut le déploiement des forces armées pour réprimer plus efficacement. Mais Matadi n’est plus la seule à se rebeller, à Muanda au petit matin, des « partisans du BDK » ont attaqué les flics, tabassant un officier à mort. Simplement dotés d’armes blanches mais en grand nombre, ils seraient alors parvenus à prendre le contrôle de la « partie orientale » de cette ville côtière de 50 000 habitants, laissant encore 4 ou 5 autres policiers sur la carreau, et violant un officier. Les 27 prisonniers du commissariat sont libérés. Plusieurs bâtiments étatiques comme quelques maisons sont vandalisés. Un peu plus tard dans la matinée, les renforts militaires qui parviennent jusqu’à la ville entament des représailles meurtrières, qui se poursuivraient au moins jusqu’à l’arrivée de la MONUC cinq jours plus tard, pour un bilan final d’au moins 44 morts dont 4 policiers et 3 soldats. Ce 1er février, des manifestations touchent le reste de la province pour une journée dite « villes morts ». Près de Songololo, l’armée tire sur des bloqueurs de route qui les caillassent, pour 8 tués parmi ces derniers. Boma est aussi barricadée au petit matin du 1er. Ils seraient 50 à 100 dits partisans du BDK, munis d’armes blanches et jetant des pierres, à investir le commissariat. Un adjudant de la PNC y perdrait la vie. Là encore le déploiement militaire fait des dégâts parmi les insoumis avec la mort d’au moins 28 d’entre eux, et non sans qu’un des flics exécuteurs ne finisse crevé sous les coups d’une foule en furie.

Ce sont là les principaux faits accessibles à propos de ces deux jours, dont le bilan global s’élèverait à 105 tués dont 6 policiers et 4 militaires. On ne sait quelle tournure prennent les manifestations dans les autres villes de la région, dont la liste est tout de même assez longue : Kimpese, Mbanza-Ngungu, Luozi, Kisantu, Kasangulu, Kinzaomvwete.

 


Mars 2009





    Descriptif du soulèvement au Bas Congo entre janvier et février 2007

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