Proposition
sur l’histoire – De la guerre du temps au
début du 21ème
siècle > Première partie
4.
Des faits à la théorie, et
au-delà
Téléologisme
?
Comme point de vue sur l’histoire, la
téléologie
moderne est d’abord réflexion sur un ensemble
d’événements unifiés sous
l’appellation de révolution iranienne. La
théorie
qui en naît se maintient dans un rapport intime aux faits par
le
détournement de l’information dominante,
principale
activité de la Bibliothèque des Emeutes. Extraire
le
mouvement historique réel de
l’obscurité et la
confusion dans lesquelles il est maintenu par l’information
se
fait sur la base d’un parti pris dans le conflit
générique. L’intention paraît
d’appuyer ceux
qui font l’histoire en tâchant de
répondre à ce qui
se montre comme leurs manques les plus flagrants : l’absence
de
discours et de théorie d’une
subjectivité qui ne se
manifeste qu’en actes, qu’en coups. Il
s’agit dans ce
même objectif de révéler aux
émeutiers
modernes l’ubiquité de leur pratique, le parti
qu’ils forment, seulement visible pour
l’observateur. La
raison du développement ultérieur de la
téléologie, à l’issue du
mouvement
d’émeutes au tournant des années 1990,
semble
encore consister à forger des armes dans la
pensée en vue
de pallier ce qui a tant fait défaut aux
révoltés
alors défaits. C’est la période
où
s’élaborent progressivement, après la
bataille
identifiée, les principaux résultats
théoriques,
confrontés aux modes de pensée dominants. Le
point de vue
téléologique s’affirme dans la
critique, notamment
dans des polémiques qui l’opposent aux points de
vue
bornés de la critique sociale antérieure.
Ce qu’on pourrait appeler la genèse de la
téléologie moderne est cette prise de parole
ambitieuse
de quelques individus sur la base de milliers d’actes de
révolte dans le monde. C’est vraisemblablement la
singularité de l’époque qui a voulu une
telle
situation, résultante de l’ignorance des
spectateurs, de
la séparation des révoltés sans
conscience
historique et de la déficience et
l’empêchement de
leur communication à l’échelle
mondiale. Les
téléologues se sont faits les accoucheurs du
discours que
l’ensemble de ces attaques gueuses pouvait signifier, les
consciences traductrices d’une multitude de
négations
immédiates. Leur théorie est ce
résultat, mais un
résultat dont ne sont pas absents leur propre
subjectivité, leurs propres schémas de
pensée,
inévitablement insuffisants à rendre de
façon
complète la vérité de
l’humanité,
comme tout aussi inévitablement porteurs de certitudes
idéologiques. Mais tant que le projet revendiqué
passe
par l’instauration du débat de
l’humanité sur
elle-même, tant que la vérité en
dépend, la
théorie n’est que le moyen de signifier les
conditions de
ce débat, même en allant
jusqu’à projeter son
terme, son propre but final. Tout reste à
vérifier, tout
reste à faire.
De la prise de parti initiale, puis de l’accompagnement
théorique du conflit, à la théorie
perfectionnée, le rapport au monde se détend. Les
révoltes, dorénavant, peuvent paraître
plus ternes
au regard des perspectives élaborées dans le
mûrissement théorique. Théorie et
pratique ont
commencé à perdre leur rapport mutuel, et,
vraisemblablement, du fait que les offensives en actes ne sont plus
à la hauteur de leur passé récent. Ce
constat doit
sans doute expliquer aussi pourquoi la téléologie
n’est pas dans la rue, dans les têtes
émeutières d’Albanie par exemple, cette
«
prochaine insurrection » dont la BE se faisait fort
d’annoncer le contenu.
Il serait déplacé de poursuivre plus loin le
sarcasme au
sujet de prévisions ou projections, dont on peut
déjà reconnaître l’audace
d’en faire
quand prévaut le silence prudent. Après
l’Albanie
justement, en se concentrant sur les mouvements algérien et
argentin, le premier congrès de
téléologie
entendait renouer avec les faits, en lire la nouveauté. Les
assemblées argentines ont ouvert un possible
insoupçonnable, voilà
qu’après
l’émeute une communication
s’élabore, et pas
par des récupérateurs, mais
démocratiquement, par
les anonymes eux-mêmes. Voilà que les conditions
pour
débattre du monde trouvent une première
ébauche,
extrêmement localisée il est vrai, mais effective.
Ici commence notre autocritique, ou plus exactement celle de notre
rapport trop peu critique à la
téléologie moderne.
De la découverte de ses textes à la collaboration
de
certains d’entre nous avec l’OT,
l’enthousiasme et
l’accord ont toujours pris le pas sur des réserves
qui ne
faisaient que pointer, ils ont toujours eu le dernier mot.
C’est
peut-être la plus grande de nos insuffisances que
d’avoir
trop accordé de crédit à cette parole
somme toute
isolée. Mais à ce moment, l’ouverture,
préalablement détectée par les
téléologues et que nous prenions pour objet
ensemble,
primait sur le reste. Briser le silence médiatique,
l’interprétation idéologique, pour
s’essayer
à comprendre le sens des comités
algériens, des
débats libres de Buenos Aires, déterminait
l’urgence, la
priorité.
Du désaccord sur la façon de collaborer aux
polémiques de fond récentes, il faut bien dire
que ce que
pouvait avoir d’acritique notre rapport à la
téléologie moderne n’est plus
justifiable. Sur
l’histoire et sur les faits, sur
l’idéologie et sur
les actes, sur l’observation, sur la théorie et la
pratique, les échanges indirects entamés
à partir
de leur jugement de notre texte
sur l’AG en
lutte peuvent servir
de point d’appui, tant ils ont fait figure pour nous de
révélateur, pour différencier notre
point de vue
et nos intentions de ceux des théoriciens de la
téléologie moderne, face à la
contradiction
désormais recroquevillés dans la
défensive.
On pourrait donner ici une formulation particulière de
l’insatisfaction fondatrice d’Invitations au
Débat
sur la Totalité : l’absence d’effets de
la
théorie la plus radicale de notre temps sur le monde,
l’absence de convergence et la coexistence
indifférente de
la proposition téléologique et du
négatif en
actes. Notre propre démarche d’observateur a
permis
d’affermir notre scepticisme, en allant voir ce qui se jouait
réellement dans la révolte présente.
C’a
été le moyen de s’affranchir
d’une influence
pesante, et finalement assez improductive. Nous n’avons pas
abandonné pour autant tout point de vue, mais seulement
conservé ce qui nous paraissait le plus en accord avec nos
convictions. Elles-mêmes influencées par
l’aspiration des insurgés de 2001 à
s’organiser et à débattre.
L’urgence
résidait là, dans les actes, vers les actes, non
dans
quelque filiation théorique, mais dans la confrontation des
convictions avec les événements
récents.
Depuis la polémique publique ouverte fin 2007 sur
interpellation
des téléologues, ces derniers ont tendance
à nous
ramener dans leur giron, en niant et occultant
l’originalité de notre entreprise. C’a
été l’occasion de
l’expliciter à
nouveau, en complément de nos textes de
présentation.
Malgré cela, pour eux, notre activité ne serait
finalement qu’une tentative de reproduire à
l’identique celle qu’eux-mêmes avaient
entreprise par
le passé, et ils trouvent donc cette reproduction fort
mauvaise.
En déclarant ce que devait être
l’observation, ce
que devait être la théorie, ils nous ont
montré
plus clairement que si nous l’avions seulement
cherché par
nous-mêmes en quoi notre démarche,
imputée dans
leur délire à un besoin de reconnaissance, se
différencie de ce qu’ils font.
Leur conception de l’observation s’est
éclaircie
à partir de leur jugement négatif sur notre
activité de publication des faits de révolte,
activité qu’ils ont de leur
côté
abandonnée sous sa forme systématique, fin 2005
d’après ce que nous avons compris. C’est
notamment
au sujet du rapport entre les faits observés et le discours
qu’il est possible d’émettre
à partir
d’eux que les désaccords se sont
montrés.
Cette question essentielle, nous l’avons
jusqu’à
maintenant abordée avec prudence. La première
raison
à cela tient à la nature même des
offensives dont
nous parvenons à prendre connaissance. Tant
qu’elle reste
manifestée dans l’émeute, les acteurs
de la
révolte ne parlent pas. L’essence de
l’émeute
est de faire l’économie de la médiation
par la
conscience, et jusqu’à aujourd’hui, pour
ce qui est
de l’époque moderne c'est-à-dire
postérieure
à la dernière révolution, de ce que
nous pouvons
en savoir, seuls les révoltés
d’Algérie et
d’Argentine – pour lesquels le besoin de
débattre a
même semblé la préoccupation centrale
– ont
tenté d’expérimenter
l’élaboration
d’une parole commune dans l’affirmation du conflit.
Nous
avons donc, pour notre part, fait le choix d’en rester
à
des hypothèses minimales quant à
l’interprétation possible du sens des
révoltes,
pour davantage réfuter les interprétations
médiatiques là où les actes
démontrent leur
caractère calomnieux ou réducteur. De
même, la
vision générale que nous proposons demeure
limitée
quant à ce que nous pouvons en déduire, elle vaut
davantage pour s’opposer à ce qui est
communément
admis du monde que comme la révélation
d’un
mouvement de la totalité qui pourrait être
complètement traduit par quelques têtes
théoriciennes. La part d’interprétation
au stade de
la synthèse, c'est-à-dire à celui de
la traduction
de l’unité pratique constatée, se veut
proposition
particulière pour le dépassement des carences du
négatif telles que nous les observons.
Entre les faits et l’idée, entre le particulier et
le
général, on prend soit le risque de se cantonner
à
l’empirisme, avec le problème qu’il
reste sec, soit
celui de s’embarquer dans des divagations subjectives.
Suivant
notre principe initial, nous avons privilégié la
démarche empirique, dans une première phase. Si
nous
partons d’un point de vue général, il
demeure
incertain, incomplet. Il n’a de valeur que dans le conflit
ici et
maintenant, et là seul il peut trouver sa
véritable mise
en jeu, le terrain de sa vérification. Avec le
progrès
apparu en 2001, suivant les nouvelles orientations qu’il
déterminait, c’est la situation paradoxale de la
téléologie moderne jusqu’ici,
c'est-à-dire
la distance d’avec son objet et d’avec son but, qui
semblait trouver là les premiers signes de sa
résolution
possible. Or d’après ce que disent
désormais les
téléologues, qui présentent la chose
comme
provisoire et justifiée par l’époque,
le mouvement
des faits à la théorie –
censément
réciproque, sinon à quoi bon ? –
s’est en
quelque sorte finalisé dans la seule théorie. En
se
développant pour et par elle-même, en
prétendant
tirer les conclusions les plus conséquentes de la
dernière révolution, la
téléologie moderne
détermine une façon
d’appréhender la
pensée, ce qui est là. Mais dans ce
développement,
l’espèce de perfectionnement logique prend le pas
sur
l’objet qui était celui de la théorie
au
départ. Là où son action vers la
pratique
paraissait sa raison d’être, elle s’est
maintenant
tant détachée de la révolte
présente, que
cette dernière se trouve systématiquement en
deçà de ce qu’elle énonce,
semblant se
répéter, « tourner en rond ».
C’est un
point de vue solitaire qui ne cherche plus de réponses aux
obstacles actuels auxquels se heurtent les
révoltés,
sinon en creusant dans l’abstraction la somme des
hypothèses qui dorénavant le composent. Par cette
démarche qu’on pourrait qualifier
d’infinitiste, la
résolution et la réalisation sont
renvoyées
à un futur hypothétique.
Perpétuellement en cours,
la vérification théorique paraît viser
une sorte de
complétude de et dans la théorie, avec la
continuation du
processus de parturition de « l’idée
». Pour
ce qui est des événements, la
représentation de
l’histoire passée se voit en quelque sorte
officialisée dans un découpage en
périodes dont le
caractère relatif n’apparaît plus comme
tel.
L’observation ne serait plus que le moyen éventuel
de
mesurer la distance entre le négatif actuel et le projet
téléologique, ce dernier étant
opportunément identifié à ce
qu’aurait
révélé la révolution
iranienne. Suivant ce
point de vue, en étant renvoyés à la
théorie développée, les faits de
révolte se
trouvent entachés de graves limites, situés bien
en
deçà de ceux dont la prise en compte avait
suscité
l’idée de téléologie
moderne. Or de ce que
nous savons aujourd’hui, il apparaît que la phase
révolutionnaire allant de la fin des années 1960
au
début des années 1990 est davantage un changement
d’époque qu’un assaut qui aurait
été
défait pour laisser entièrement la place
à ce qui
l’a battu. Telle qu’elle persiste à se
manifester,
au regard de ses moments les plus forts et les plus récents,
c'est-à-dire ceux comparables à la
période
1988-1993, la révolte moderne n’a pas perdu la
vitalité et la forme qui étaient les siennes, et
elle
continue à se heurter aux lacunes qui pouvaient
déjà être remarquées
à ce moment. Il
faut être bien éloigné du
négatif de ces dernières
années pour n’y voir que des «
étincelles
d’une insatisfaction plus repliée »,
ceci à
la façon dont les idéologues en
général ne
jurent que par la révolte qu’ils ont connue ou
suivie, la
révolution russe pour les marxistes ou 68 pour les
gauchistes
français, considérant de haut ce qui est survenu
depuis,
et accordant ainsi une étonnante confiance à ce
qui leur
en donne un écho déformé. Plus que
jamais
nécessaire, l’observation isolée reste
cependant
insuffisante, sa généralisation comme pratique ne
peut
que s’intégrer dans le projet
d’élaborer une
communication sur les bases posées par le négatif
en
actes, à propos duquel le constat fait par la BE, tant sur
le
plan de la vigueur que sur celui des limites, ne s’est pas
démenti.
Pour rendre leur discours à la relativité dont
les téléologues ne
devraient pas le départir, il faut également
considérer comment sa base reste discutable, voire douteuse,
en
tout cas à discuter. Car ce sont bien les
résultats de
leur observation passée, qui leur servent à
étayer
le développement théorique tel qu’ils
le
poursuivent.
D’une part l’influence du filtre par lequel ils
passaient
est comme oubliée dans l’éloignement
des faits au
sens acquis. S’y ajoutant une tendance à prendre
systématiquement le contre-pied de
l’interprétation
médiatique, mais en enjolivant parfois ce qui eut lieu,
jusqu’à l’esthétisation
littéraire
magnifiant à distance des situations pourtant souvent
obscures
par manque d’information. La mise à disposition
des
dossiers d’émeute et l’appel
à la critique
des résultats compensent en partie ce problème,
mais
l’ensemble des actes passés n’en sert
pas moins de
caution à ce qui est dit. Si la priorité
était
là, il serait instructif de passer au crible les
compilations
d’articles de la BE pour les confronter à tout ce
qui a pu
être spéculé à partir
d’eux, notamment
pour nuancer les conclusions tirées depuis, tant sur la
définition des périodes que sur
l’importance
accordée à certains
événements. En
dépit des apparences du rigoureux méthodisme, le
parti
pris semble parfois avoir pris les traits de la partialité,
quand les conclusions d’ensemble paraissent avoir
gommé
des particularités gênantes.
La partie du Laboratoire des frondeurs avec laquelle les
téléologues ont scindé,
qu’ils conspuent
désormais, peut être vue comme le fruit
révélateur de ce qui n’était
encore
qu’une tendance au moment de la BE. Parce que plus fruste, on
y
trouve moins voilés les travers de cette manière
de
faire, quand ses propres présupposés
idéologiques
investissent les acteurs de la révolte d’une
volonté, d’un but. Le sujet qu’ils
forment pour
l’observateur est perçu et
représenté comme
concrétisé, non comme simple recomposition
générale. C’est le débat qui
est
déjà anticipé, en reléguant
au second plan
les évidentes lacunes du négatif
observé et en y
plaquant ses propres désirs et fantasmes. De leur
côté, les téléologues
s’imaginent
à l’endroit juste, pensant avoir trouvé
la bonne
mesure entre l’objectif et le subjectif, entre les
considérations générales et les actes
particuliers, pour nous reprocher de nous cantonner à
informer
des faits bruts. En se plaçant comme
référence
centrale, ils voudraient imputer aux uns un excès et aux
autres
un manque d’interprétation
générale,
oubliant seulement qu’ils n’ont fait
qu’osciller
entre les deux, qu’il n’y a pour l’instant
nulle
possibilité d’y échapper tant que la
séparation entre les humains demeure. [2]
Il faut bien maintenant tirer des conclusions des limites du
négatif éparpillé et de celles de la
théorie sans effets, sans imputer aveuglément ces
limites
à l’insuffisant approfondissement
théorique. Entre
l’histoire qui s’éloigne dans
l’aliénation et la tentative de la saisir par la
conscience, la schématisation du problème central
en
manque de théorie et de projet, si elle reste juste
à
notre sens, ne doit pas cacher l’impasse dans laquelle se
trouve
aujourd’hui la théorie révolutionnaire
telle
qu’elle s’était fondée
à une
époque où l’aliénation
n’avait pas
pris les dimensions qui sont les siennes
aujourd’hui.
Si, comme négation, la téléologie
moderne a rompu
avec une part de son héritage
hégélo-marxien,
cette « école de pensée » lui
a toutefois
donné ses principes, son fond initial, tant sa
rhétorique
que son mode d’appréhension de ce qui a lieu, et
elle en a
conservé certains défauts. Il reste en filigrane,
et en
contradiction avec les nouveautés
énoncées, une
prétention à statuer sur le monde, à
en
révéler la vérité. Dans la
confrontation
publique, la négation s’est appuyée sur
l’affirmation, la mise en question sur une réponse
générale formulée dans le court mais
percutant
« tout a une fin ». Avec les
développements
ultérieurs de la téléologie moderne,
on peut voir
l’opposition entre le contenu qu’elle
révèle,
qu’elle extrait, et les schémas de
pensée,
initiaux, sa méthode et ses
présupposés. Ainsi,
exemplairement, d’un but qui serait nécessairement
celui
de l’humanité comme cela pouvait être
dit dans la
BE, l’accomplissement de tout est devenu une proposition
lancée par quelques humains à leurs
contemporains. Avec
cette ouverture, qui se poursuit dans la récente «
Matrice
téléologique », cette
préoccupation de
réviser la part quelque peu déterministe
originelle, la
téléologie moderne nous a paru la
théorie la plus
à même d’ouvrir des perspectives
ambitieuses
à l’insatisfaction offensive. Toutefois,
c’était ne pas prendre suffisamment en compte le
réel caractère problématique de la
conjugaison des
perspectives ouvertes et de l’espèce de
systématisation consubstantielle.
C’est sa définition comme idée
– maintenant
couronnée par le plus suspect encore « courant de
pensée » – qui paraît tracer
la ligne de
partage entre l’ouverture et le bouclage de cette
théorie
sur elle-même. Et cette définition,
dérivée
de leur hégélianisme, est centrale pour les
téléologues. Elle correspond à ce
mouvement
clôt, de l’observation par quelques consciences de
la
révolte d’une époque
déterminée,
à son interprétation par ces mêmes
consciences ; ce
qui donne ce très contestable raccourci : « la
téléologie moderne est
l’idée de la
révolution iranienne ».
De la volonté de saisir un violent mouvement de
l’insatisfaction par-delà la
superficialité de ceux
qui n’ont fait que le commenter du point de vue de la
conservation, l’interprétation, partisane des
acteurs de
la révolte, aurait acquis une sorte de valeur
intrinsèque. A partir de la synthèse
théorique des
actes encore séparés dans la pratique, ces
observateurs
ont publié leur représentation
générale en
appelant à sa critique. Malgré la base empirique,
reste
la prétention de quelques-uns de traduire des actes
collectifs
dont la soumission de leurs auteurs à un mouvement qui les
dépasse tous a été reconnue, ceci du
fait
qu’ils ne l’ont pas pris pour objet. Car
derrière
les commentaires des ennemis de la révolte sur la
révolte, derrière ensuite les actes
eux-mêmes, il
demeure cette intention de rechercher leur fondement, puis de
l’affirmer, de le révéler.
Aujourd’hui, une
méthode empreinte d’une telle
prétention nous
paraît au moins suspecte. Elle a
l’inconvénient de
vouloir formuler une raison d’être aux actes dont
les
auteurs ont échoué à la trouver car
échoué à la définir,
collectivement, dans
la poursuite de leur pratique.
Nous pensons qu’une telle définition ne saurait
revenir
à la théorie, qu’elle est
l’œuvre
possible de l’assemblée
générale des
humains, c'est-à-dire encore un projet. Or
lorsqu’une
réflexion sur le négatif se prévaut de
telles
révélations, les a fixées en amont du
débat, elle rejoint l’idéologie, quand
au final les
faits servent d’alibi au discours, qui verse parfois dans
l’extrapolation solipsiste, et qu’est
cultivé
l’amalgame entre ce qui en est dit et ce qu’ils ont
été. Ce qui était au départ
si justement
dénoncé comme idéologique dans le
discours
médiatique, et chez ceux qui y restent soumis, tend
finalement
à se reproduire dans une représentation
concurrente.
Dans cette querelle des représentations où les
actes ne
sont plus le centre, la condition de la résolution,
l’information se voit dotée d’une
espèce de pouvoir
démiurgique : elle ferait elle-même le monde,
alors
qu’elle ne participe qu’à sa
domination.
L’époque de la
généralisation de
l’émeute et des découvertes
théoriques de la
téléologie moderne se caractérise
comme un
passage, une profonde transformation des paradigmes
antérieurs.
Et dans ce passage, tout n’a pas été
effacé
d’un trait, de même l’ouverture permise
est encore
loin d’avoir été explorée.
L’exigence
de réalisation, le projet de tout accomplir, le jeu comme
activité générique, les principes
inhérents
au but restent des repères fondamentaux, tout comme
l’urgence, la soif de richesse véritable,
l’offensive. Mais l’affermissement de cette
subjectivité entre en contradiction avec ce qui tend
à
devenir le système téléologique, cette
sorte
d’orthodoxie satisfaite qui prétend statuer
isolément sur l’histoire.
Pour une phase supérieure de l’histoire
De l’histoire qu’il faudrait faire telle
qu’elle a
été posée, traduite,
représentée,
modélisée, suivant son fondement, sa
nécessité et toute la panoplie dialectique,
c’est
la constitution de son sujet et la définition de ses moyens
et
conditions qui priment maintenant, en tant que partie
déterminante de son contenu. La notion d’histoire
demeure
une vision incomplète, une infirmité de
l’humanité qui ne peut suivre son cours et en
prendre acte
qu’arbitrairement divisée, spectatrice, soumise
à un mouvement qui
dépasse tous ses membres et l’ensemble
qu’ils
forment. Entre la totalité qui se fait au gré de
l’aliénation, de la pensée collective
autonomisée, et les moments où cette
autonomisation est
combattue, ce n’est plus seulement sa conception qui importe
mais
sa menée.
Débat et histoire
Le conflit dont nous proposons la présentation pourrait
prendre
le nom d’histoire, mais dans l’époque
où la
maîtrise du devenir de tout s’est si
complètement
aliénée, a ainsi quitté les
têtes, la
prétention de révéler son sens, son
orientation
par la conscience, est devenue intenable. En apparaissant le plus
généralement comme série
d’actes non
médiatisés, la révolte moderne, le
négatif,
n’est saisie dans son unité que par
l’observateur,
qui la lui confère de l’extérieur.
Continuer
à disserter sur l’histoire quand son acteur
principal
reconnu n’a pas ce qu’on pourrait
schématiser comme
la conscience de soi, c'est-à-dire n’est pas
constitué en sujet, confirme en dernière instance
l’histoire en sphère indépendante, pour
ce qui n’en
serait au final qu’une énième
philosophie. Or les faits négatifs sont justement ceux
où cette indépendance commence
d’être rompue,
quand la subjectivité de l’humain se manifeste
contre le
devenir jusque-là cru tracé et connu, en tout cas
hors de
portée, du cours autonomisé de
l’histoire. Le
négatif n’est plus alors à
considérer comme
l’élément d’une histoire
toujours subie, dont
il accélérerait seulement la progression ou dont
il
confirmerait le dessein, mais comme puissance, c'est-à-dire
pour
le dépassement qu’il contient vers la
définition
subjective et collective du devenir. C’est
précisément cette qualité −
ce potentiel
dont la concrétisation reste encore informulable −
qui
nous incite à préférer le terme de
débat
sur la totalité à celui d’histoire pour
caractériser la part active et vivante du
phénomène humain. Et ce n’est pas
là une
simple question de mots. Aux dualités inhérentes
à
la totalité des définitions de
l’histoire, devenues
oppositions rigides ou « dépassées
»
seulement dans des têtes, le débat tel que nous
l’entendons comprend les perspectives de leur
résolution
pratique. Contre la recherche théorique d’un
fondement,
d’une substance ou d’un principe
générique,
contre l’énonciation d’un but
préétabli de l’humanité,
l’impossibilité d’une
vérité
théorique prétendant à
l’absolu est reconnue
pour favoriser les possibilités qui se manifestent en actes
d’une vérité pratique par le
débat des
hommes entre eux. Il importe alors de définir les conditions
par
lesquelles ce potentiel peut se réaliser, mais
déterminisme et transcendance sont expulsés
d’un
tel point de vue.
Le débat sur la totalité est le moyen de
l’histoire, la médiation active entre la
conscience et
l’esprit – ultime et plus pertinente
définition de
la dualité – entre toute la pensée et
chacun de ses
émetteurs. L’essor pris par
l’aliénation au
cours des dernières décennies, ce flot en crue de
la
pensée incontrôlée, réclame
son
émergence en tant que notion centrale.
Pour préciser à nouveau ce que nous entendons par
débat, il est d’abord nécessaire de le
différencier de son acception commune actuelle. Il ne
s’agit pas de la simple confrontation entre des
thèses
opposées, sur des questions qu’il maintiendrait
telles
quelles, comme son ersatz médiatique le
représente dans
le faux dialogue, mais la manifestation d’un parti pris dans
la
dispute sur la totalité, avec la question de sa
réalisation comme enjeu. Ce qui s’oppose
déjà dans le débat en actes est le
maintien des
possibles en tant que possibles, suivant le statu quo et la paralysie
actuels organisés autour de pensées
intouchables, et
l’aspiration à leur pleine et entière
vérification. Il est l’activité des
humains
lorsqu’ils attaquent la domination de pensées
gelées, en s’en prenant ensemble à ce
qu’elles justifient et autorisent directement pour leur
existence. Une telle dispute n’est pas théorique,
elle a
des conséquences pour ceux qui l’ouvrent
collectivement,
par leur vie qu’ils jouent, comme elle en a pour ceux qui
tentent
de taire la dispute à laquelle ils participent pourtant,
mais
pour en enfouir les enjeux. La rupture avec les conditions dominantes
qui se produit dans l’émeute, le
soulèvement, dans
la mobilisation d’ampleur tournée vers
l’offensive
et l’insurrection, est partagée par tous ceux qui
y
prennent part. Le lien social change, de son ordonnancement ordinaire
aux prémices d’une forme nouvelle
élaborée
dans la révolte. La frontière entre la
communication
soumise et le débat se situe là, dans ce passage,
et il
n’y a, dans l’état actuel de nos
connaissances,
ouverture de débat qu’à condition que
ce passage
ait lieu comme moment fondateur.
L’acte collectif négatif est début de
débat parce qu’il est début de
réalisation.
La discontinuité du débat en actes laisse elle
aussi,
encore aujourd’hui, au seul observateur la
possibilité de
tenter de relever son déroulement global. Pour autant, ses
ouvertures inscrivent leurs traces dans la pensée
générique, impriment un point de non-retour avec
ce qui
maintenait l’aliénation à
l’abri avant la
rupture, qui change de forme et de contenu pour pouvoir
perpétuer son rôle. Le recommencement sans
enseignement du
négatif n’est qu’une impression, en se
heurtant
à ce qui a été auparavant
récupéré de sa nouveauté,
il se trouve
contraint d’ouvrir à nouveau des champs inconnus
de la
pensée. Localement, au-delà de la
spontanéité, du négatif
immédiat,
l’élan offensif premier ne suffit plus, et la
communication entre les acteurs de la rupture, qui peut advenir comme
conscience du collectif pour ceux qui le forment, se trouve aux prises
avec l’aliénation dans le retour à la
médiation consciente.
Du débat qui progresse sans unité de ceux qui le
font aux
tentatives locales pour le poursuivre dans la parole, se pose la
différence entre le débat « clignotant
», en
lieux et en moments, et la possibilité du débat
maîtrisé où la prise pour objet du
monde se ferait
générique.
A partir de ce qui a été pris pour cible, de ce
qui a
été attaqué en actes, peuvent se
dessiner les
lignes directrices pour une poursuite en profondeur de la mise en
cause, pour une extraction de ses conséquences les plus
logiques.
La destruction du rapport
hiérarchique par la liberté dans
l’engagement et
pour l’égalité dans la prise de
décision ;
l’établissement de nouveaux rapports par la
rencontre
entre anonymes, dont les actes communs se substituent aux
identités, rôles et croyances subis
jusque-là ;
l’ouverture sur l’inconnu qui réduit les
conceptions
établies en certitudes au rang
d’hypothèses et de
présupposés considérés
comme tels.
Les offensives : contre l’Etat, pour la maîtrise
collective
de l’organisation sociale et contre les divisions
imposées
et l’abdication de la responsabilité de chacun
(démocratie véritable) ; contre
l’information
dominante, avec pour perspective la suppression de tels
intermédiaires séparés, et pour la
réappropriation collective de la parole contre son
usurpation
actuelle ; contre la marchandise, pour la prise pour objet collective
du manque contre sa réduction utilitariste au
besoin, et
pour la mise au centre de la question de l’insatisfaction et
de
l’accomplissement.
Tout ce qui tend à la suppression des
séparations, tout
ce qui ouvre sur l’universel, sur le tout, permet
déjà, sinon d’anticiper le
débat à
venir, au moins de formuler une transition entre ce qui se manifeste
aujourd’hui de façon immédiate et la
forme
médiatisée de ce que porte
déjà en elle
cette manifestation. Nulle harmonie ou état idéal
n’est à trouver ici, inhérente au
débat, la
contradiction est basée suivant des antagonismes
véritables parce que déclarés
subjectivement et
soumis au but.
Pour l’instant, au stade des assauts intermittents et encore
séparés en pratique, il s’agit toujours
de donner
un sens à la dispute, comme d’envisager par ce
biais la
concrétisation de l’unité, seulement
reconstituée a posteriori aujourd’hui. Telles
qu’elles sont ici posées, les propositions de
perspectives
sur la base des interprétations des faits
négatifs
consistent principalement à définir les
conditions du
débat maîtrisé ; ce qui s’y
oppose à
combattre, et ce qui en constitue les nécessaires
préalables à soutenir. On dessine ainsi les
contours
d’une position par ce qui, dans sa suppression
envisagée
et projetée, forme en négatif des possibles
à
explorer. On trace, sans certitudes, l’esquisse de ce qui
commence à se montrer dans les situations de
révolte qui
ont été le plus loin, ceci en prolongeant la
courte ligne
de progression qui va de l’émeute
première
déclenchée par un problème local
à la mise
en doute de tout ce qui justifie et soutient l’ordre dans un
Etat.
L’humanité ici et maintenant
En s’avançant plus encore sur ces bases, il est
possible
de poser d’autres éléments
définitoires du
débat, cette fois en critiquant ce qui rassemble les
croyances
et transcendances dominantes actuelles : ce qui fournit raison
d’être et contenu. A la vocation de la
communication
organisée sur les questions les plus
générales et
communes à ne répondre qu’à
des
problèmes, suivant ce qu’il y aurait à
perdre, dans
l’absolu, ou pour chacun entre la naissance et la mort, il
s’agit d’opposer enfin la question de ce
qu’il y a
pour chacun, et pour tous ceux concernés, à
gagner et
à accomplir dans ce temps. Pour préciser encore
son
contenu possible, on peut dire que la guerre du temps qui se joue
aujourd’hui est le débat des humains sur leur vie,
elle
concerne les vivants, leur accomplissement. L’urgence
manifestée dans l’expression
émeutière de la
révolte, et qui avait mené au tout finir
téléologique, nous paraît devoir
être
portée contre toute définition de
l’histoire qui
noie dans une immensité hypostasiée ou virtuelle
les
existences actuelles. Le quotidien critiqué par les
situationnistes n’était pas seulement
pauvreté,
temps misérable des individus isolés, mais
également temps véritablement vécu,
expérimenté, par ces individus, même si
sans
pouvoir réel. L’indifférence de la
plupart des
anonymes pour la représentation de
généralités abstraites, qui a
mené à
la si regrettable perte de conscience de la totalité,
affaiblissant la dangerosité de la notion
d’histoire, peut
être comprise comme un écoeurement
généralisé face à des
fantômes qui
ont fini par ne plus concerner quiconque. Tant qu’aux
explications dominantes sur le cours du monde ne sont
opposées
que d’autres explications générales et
abstraites,
quand la théorie a ainsi rejoint la philosophie, aucune
prise
véritable n’est possible sur ce qui a lieu. Il
n’y en a
évidemment pas plus dans le pragmatisme militant et
léniniste qui ne trouve de moyens d’agir
qu’en
occultant la totalité comme catégorie centrale,
et le
conflit qui l’agite. Une question majeure de
l’époque nous paraît de trouver le moyen
terme, ou
faudrait-il dire le dépassement, entre la théorie
dénuée d’effets, et la pratique
volontariste
dénuée de pensée. Comment se hisser
aux enjeux les
plus grands sans abdiquer sa propre participation possible, comment
agir effectivement sans s’enfermer dans quelques vaines
particularités ?
En partant du général et dans l’optique
d’une
constitution du sujet le plus ample, on peut déterminer du
point
de vue du temps, de ce potentiel commun,
une délimitation
concrète du champ des possibles. Au « nous
»
abstrait, au fantôme humanité, serait bon
d’être opposé
l’égoïsme des
vivants, l’égoïsme stirnérien
en somme, non
plus réduit à l’individu, mais
élevé
à cette dimension par lequel il gagne un tout autre
éclat. Le sujet de l’histoire prend dès
lors des
contours beaucoup plus concrets que l’universel genre humain
cru
à tort infini.
On peut se servir du mot « humanité »
pour
décrire ce qui n’est pour l’instant que
l’objet de l’histoire universelle, le genre, mais
aussi,
dans une autre acception, la totalité des humains
en
vie aujourd’hui. Ce deuxième sens est toujours
recouvert
par le premier, plus général. Par là
même il
n’y a donc pas de mot pour signifier ce qu’on
pourrait
appeler un peu abusivement « l’humanité
ici et
maintenant », c'est-à-dire l’ensemble
des humains en
vie au moment où nous écrivons, autrement dit
l’ensemble de ceux qui ne le seront plus dans un
siècle,
cette communauté-là, unique. Une telle notion, a
priori
bien anodine, est tout de suite en butte à la perception
dominante de l’humanité comprise dans son
mouvement comme
une espèce de flux permanent, inexorable et
éternel. On
nous objectera que l’on ne peut pas figer à un
instant ce
flux, ce mouvement perpétuel, que des humains naissent en
permanence remplaçant leurs
prédécesseurs,
prenant à leur tour la relève pour un petit
séjour dans le monde. Il nous faut donc préciser
que nous
nous prenons, nous, êtres limités dans le temps,
comme
étalon, comme référence temporelle et
nous
invitons chacun de nos contemporains
à faire de même. Nous
sommes, là tout de suite, une communauté
potentielle,
nous sommes l’humanité possible, unis par cette
possibilité de faire notre histoire, ou de la subir comme
ceux
qui sont passés avant nous.
Il n’y a de projet que ceux que l’on
mène à
bout, il n’y a pas de projet pour
l’humanité dans
son entendement classique car seul l’unique peut accomplir
son
projet. L’humanité entendue dans sa
continuité, ses
cycles, ses séries, la multiplicité et le
renouvellement des individus qui la constituent, n’a rien
à accomplir et n’accomplira jamais rien car toutes
ses
promesses d’accomplissement sont dans son avenir, donc
toujours
et seulement en puissance. La téléologie moderne
a fort
bien critiqué cet aspect des systèmes de
croyances en
vigueur, soit qu’ils omettent entièrement et
évitent l’idée même
d’un projet
générique, soit qu’ils reportent dans
l’au-delà tout accomplissement, soit encore
qu’ils
fantasment sur un projet qui aboutirait pour le bien d’une
humanité future, communiste par exemple.
Pour rendre réalisable ce monde, nous nous adressons
à
l’égoïsme, à
l’intérêt, en
un mot à la passion de ceux qui aujourd’hui le
forment.
2.
Leur
« invitation au débat sur la calomnie »
est
significative à ce propos. A travers son
énumération de sentences sans arguments, elle
vaut
surtout pour leur obstination à s’imaginer les
sages-femmes de l’histoire, les
révélateurs de
l’esprit, « les acteurs du récit de leur temps
»,
et à astreindre quiconque à se hisser
à cette
délirante prétention ou à se
taire. On
s’arrêtera aussi sur leur invention d’une
nouvelle
définition de la calomnie, qui soit dit en passant ne
correspond
pas plus à notre vision de la rupture, et ne dit encore rien
de
bon sur leur capacité à être justes.
Car quand on a
besoin de pareilles façons pour ne pas se dédire,
il
serait judicieux de s’abstenir de tels reproches,
à savoir que
nous « [préférerions] avoir
raison que
d’affronter les conséquences de [nos] manquements
».
Qui préfère avoir raison ? Qui porte sciemment
une
accusation mensongère en public pour jeter le
discrédit,
véritable sens de la calomnie ? Après farceurs,
c’est une nouvelle insulte à ravaler, une nouvelle
pelisse
à se mettre : calomniateurs.
4. Des faits à la théorie, et
au-delà